Depuis le 7 Octobre, Israël a arrêté plus de 4000 travailleurs.euses de Gaza et plus de 1 000 personnes en Cisjordanie occupée, d’après des responsables palestinien.ne.s.
Par Zena Al Tahhan, le 21 October 2023
Ramallah, Cisjordanie occupée – Israël a arrêté tellement de Palestinien.ne.s ces deux dernières semaines, depuis le début de ses bombardements sur la bande de Gaza assiégée, qu’il a doublé le nombre de Palestinien.ne.s incarcéré.e.s.
Le nombre de Palestinien.ne.s détenu.e.s dans les prisons israéliennes étaient de 5 200 avant le 7 Octobre, lorsque le groupe de résistance armée palestinien Hamas a lancé une attaque sur Israël, à laquelle l’État a répondu presque immédiatement par une campagne impitoyable de bombardements.
Le nombre de prisonnièr.e.s atteint maintenant plus de 10 000 personnes, ont déclaré des représentant.es palestinien.ne.s jeudi après-midi.
Ces deux dernières semaines, selon des représentant.e.s et des groupes de défense des droits humains, Israël a arrêté environ 4 000 travailleurs.euses de Gaza qui travaillaient en Israël et les détient dans des bases militaires. D’autre part, l’État a également arrêté 1 070 autres Palestinien.ne.s lors de raids militaires nocturnes en Cisjordanie et à Jérusalem occupées.
“Les arrestations ont lieu 24 heures sur 24,” déclare à Al Jazeera Sahar Francis, directrice de l’association Addameer pour les droits des prisonnièr.e.s, basée à Ramallah.
La plupart des prisonnièr.e.s de Gaza sont détenu.e.s dans une base militaire appelée Sde Teyman, près de Beer al-Sabe (Beer-Sheva) au Sud du désert du Néguev, explique-t-elle.
Des centaines d’autres sont détenu.e.s à la prison d’Ofer près de Ramallah, et dans la base militaire d’Anatot près du village d’Anata, à Jérusalem Est occupée.
Les dirigeant.e.s et avocat.e.s palestinien.ne.s soulignent les mauvais traitements et les conditions terribles dans lesquelles les prisonnièr.e.s sont arrêté.e.s et détenu.e.s.
Des conditions de détention ‘dangereuses’
Lors d’une conférence de presse jeudi après-midi à Ramallah, Qadura Fares, le président de la Commission des Affaires des Prisonnièr.e.s de l’Autorité Palestinienne, a déclaré que les récents développement concernant les prisonnièr.e.s sont “sans précédent” et “dangereux”.
“Nous avons beaucoup hésité à tenir cette conférence de presse pour évoquer un nouveau chapitre des crimes israéliens, ce que vivent nos prisonniers et prisonnières dans les prisons de l’occupation, par peur de créer des tensions et de l’angoisse pour les familles des détenu.e.s et pour notre peuple palestinien en général,” a déclaré Fares.
“Les prisonnièr.e.s subissent la faim et la soif; ils.elles n’ont pas accès à leurs médicaments, particulièrement celles et ceux souffrant de maladies chroniques qui nécessitent un traitement régulier,” explique-t-il, ajoutant que cela empire “lorsque l’administration pénitentiaire coupe l’eau et l’électricité”.
Addameer a également rapporté l’entrave aux soins médicaux. “Ils.elles ferment également les cliniques pénitentiaires, et empêchent les prisonnièr.e.s de se faire soigner dans des cliniques ou des hôpitaux à l’extérieur, malgré le fait qu’il y ait des malades du cancer parmi les prisonnièr.e.s qui nécessitent un traitement en continu,” explique l’organisation de défense des droits.
“Ce qu’il y a de plus dangereux” ces derniers jours, poursuit Fares, ce sont les “attaques physiques” et les traitements dégradants. Tous.tes celles et ceux arrêté.e.s sont agressé.e.s.
“Nombre de prisonnièr.e.s ont eu les membres, mains ou jambes cassées… ont reçu des insultes, des propos dégradants, blasphématoires, tout en se faisant attacher les mains dans le dos au point de les faire souffrir atrocement… dénudé.e.s, humilié.e.s et soumis.e.s aux fouilles de groupe,” explique-t-il.
« Coupé.e.s du monde »
En parallèle des 4 000 résident.e.s de la bande de Gaza, pour la plupart détenu.e.s à la base militaire de Sde Teyman, environ 6 000 autres Palstinien.ne.s sont incarcéré.e.s dans les prisons ou centres de détention israéliens.
Les 5 200 emprisonné.e.s avant le 7 Octobre sont pour la grande majorité résident.e.s de la Cisjordanie ou de Jérusalem Est.
Or, ces deux dernières semaines, l’armée israélienne a arrêté 1070 Palestinien.ne.s de plus lors de raids militaires nocturnes dans ces deux zones.
Durant les périodes de “calme” de l’occupation militaire israélienne qui dure depuis 56 ans, 15 à 20 personnes sont arrêtées chaque jour. Mais depuis le 7 Octobre, le nombre d’arrestations journalières de Palestinien.ne.s en Cisjordanie et Jérusalem occupées est passé à 120, selon les représentant.e.s palestinien.ne.s.
Les arrestations ont lieu lors de raids militaires surprise sur les habitations palestiniennes, à l’aube, humiliant et fouillant les familles et leurs foyers, détruisant les propriétés et les biens, agressant physiquement et verbalement les personnes.
Francis explique que les Palestinien.ne.s détenu.e.s dans les prisons et les centres de détention israéliens sont “coupé.e.s du monde”.
“Il n’y a pas de sortie dans la cour, pas de contact avec les familles, aucune visite des familles et pas de visites régulières des avocat.e.s,” explique-t-elle. Les autorités israéliennes ont également fermé les accès aux cantines, qui sont nécessaires pour acheter des produits de premières nécessité tels que le dentifrice, et limité la nourriture à deux repas par jour au lieu de trois.
Le Parlement Israélien, appelé Knesset, a approuvé mercredi un plan, en vigueur présentement et pour trois mois, permettant la réduction de l’espace de vie minimum alloué à chaque prisonnièr.e, précédemment de 3,5 mètres carré, pour accueillir une foule de nouveaux.elles prisonnièr.e.s.
Lors d’une conférence de presse d’associations palestiniennes de droits civiques mardi à Ramallah, Addameer a appelé le Comité International de la Croix Rouge (CICR) à “s’acquitter de ses responsabilités” en tant que seule organisation internationale autorisée à surveiller la situation des détenu.e.s palestinien.ne.s, et à leur rendre visite, particulièrement celles et ceux de Gaza, dans les bases militaires.
“Nous ne voyons pas de réelle pression du CICR,” déplore Francis à Al Jazeera. “Ils.elles disent qu’ils.elles essaient mais qu’Israël les empêche, mais ce n’est pas une excuse. Trop de temps est déjà passé.”
Des détentions sans fin
Israël utilise différents prétextes légaux pour maintenir en détention les prisonnièr.e.s des différentes région, selon des associations de droits humains.
Les Palestinien.ne.s de la bande de Gaza, qui ont été arrêté.e.s à l’intérieur de Gaza sont détenu.e.s en vertu de la “Loi des Combattant.e.s Illégaux.ales” qui permet aux autorités de détenir des Palestinien.ne.s indéfiniment, sans réel examen judiciaire.
Cette loi défini un.e “combattant.e illégal.e” comme une “personne qui participe directement ou indirectement à des actes hostiles envers l’État d’Israël, ou un membre d’une force perpétrant un acte hostile envers l’État d’Israël.”
Le 13 Octobre, Israël a amendé la loi pour rendre plus facile l’arrestation de Palestinien.ne.s pour de simples soupçons. Certaines des mesures prévoient “d’étendre à davantage de gradé.e.s la possibilité d’émettre des ordres d’arrestation : aux brigadiers-généraux et aux grades inférieurs”.
La Loi des Combattant.e.s Illégaux.ales est l’équivalent de la détention administrative en Cisjordanie et Jérusalem Est occupées, qui permet à Israël de détenir des Palestinien.ne.s de ces deux zones en vertu d’une “preuve secrète”.
La plupart des 1 070 personnes arrêtées dans ces zones depuis le 7 octobre sont transférées en détention administrative, explique Francis.
“Ils signent des dizaines d’ordres de détention administrative chaque jour,” dit-elle.
La dernière agression d’Israël sur Gaza a commencé le 7 Octobre après que le Hamais ait lancé une attaque surprise sur le territoire israélien, aux abords de l’enclave assiégée. Selon les représentant.e.s israélien.ne.s, jusqu’à présent 1 400 personnes en Israël ont été tuées. Depuis lors, les bombardements de représailles israéliens ont tué 4 137 Palestinien.ne.s à Gaza, dont 1 524 enfants, tandis que 81 Palestinien.ne.s ont été tué.es en Cisjordanie occupée.
Zena Al Tahhan est la correspondante numérique d’Al Jazeera English à Jérusalem.
Source: Al Jazeera
Traduction LG pour l’Agence Média Palestine