Solidarité ? Assurez-vous que l’argent de vos impôts n’est pas investi dans des crimes de guerre !
Par Majed Abusalama et Kristina Božič, le 6 novembre 2023
Écrivain et militant politique de premier plan, Majed Abusalama est cofondateur de nombreuses organisations, dont Palestine speaks in Germany. Né à Gaza, il vit aujourd’hui entre Berlin et Tampere, où il termine son doctorat sur la génération du blocus israélien de Gaza.
Vous êtes né dans le camp de réfugié.e.s de Jabaliya. Ce que vous voyez aujourd’hui à Gaza est-il toujours l’endroit que vous avez connu ?
Oui, j’ai grandi à Gaza, j’ai fréquenté les écoles de l’ONU, j’ai vécu la première et la deuxième Intifada. J’ai vu le développement et les changements tout au long de cette période. Au début, les réfugié.e.s disposaient d’une infrastructure minimale. Avec le temps, les villes se sont agrandies et sont devenues plus peuplées. Aujourd’hui, Gaza est l’une des zones les plus densément peuplées au monde et, avec un espace limité, les gens construisent en hauteur. Le développement urbain a repris après chaque agression israélienne.
En 2008 et 2009, les bombardements israéliens ont provoqué un massacre et beaucoup de destructions. Mais les gens ont recommencé, ils.elles ont reconstruit, ils.elles ont tenté certains aménagements pour résoudre les problèmes causés par le régime colonial des colons israéliens et le blocus militaire. Les bombardements de 2012 ont semé la destruction. Puis à nouveau en 2014… Et en 2020… Chaque signe de développement a été suivi d’un énorme effondrement de l’infrastructure et de l’effacement des nouvelles mémoires urbaines.
Cela fait partie de la violence structurelle israélienne. Ils.elles ne perturbent pas seulement nos corps en nous tuant et en nous blessant, ils.elles effacent et blessent aussi nos mémoires. Les images que nous avons de notre environnement urbain, des rues, des places, des bâtiments emblématiques, ils.elles les détruisent.
Ce que nous voyons aujourd’hui est le plus extrême. Chaque fois, c’est pire, les bombardements et les destructions augmentent. Au fil des ans, la gravité, la douleur et l’intensité se sont accrues. Il s’agit d’une tactique d’ingénierie et de gestion de la population : ils.elles bombardent plus brutalement et offrent ensuite quelques privilèges supplémentaires. Après chaque destruction, l’industrie israélienne de la construction bénéficie de meilleures opportunités commerciales. Les matériaux qui arrivent à Gaza proviennent principalement de la puissance coloniale israélienne. C’est un autre aspect peu glorieux du colonialisme de peuplement : ils.elles nous assiègent, nous bombardent et nous vendent ensuite des matériaux de construction pour pouvoir ensuite bombarder à nouveau. Ils.elles contrôlent les points de contrôle militaires et les clôtures qui entourent Gaza et décident de ce qui peut y entrer.
L’infrastructure urbaine et les images de Gaza ont donc été effacées à plusieurs reprises au fil des générations. La génération des Palestinien.ne.s du blocus, qui est au centre de mes recherches, est celle qui a été la plus perturbée. Ce sont eux.elles qui ont vu le plus de destructions, de bombardements et d’effacements continus de leurs maisons et de leurs villes. Ils.elles ont perdu de nombreuses personnes, des membres de leur famille, des ami.e.s… Ils.elles ont dû les reproduire et renaître en quelque sorte plusieurs fois.
Mais les destructions actuelles sont-elles sans précédent ?
Oui. Il s’agit d’un pic extrême de violence excessive et de ce qui, selon les expert.e.s juridiques, s’apparente à un génocide. Les bombardements… en particulier les tapis de bombes signifient qu’il y a des frappes répétées sur un bâtiment. Cela crée une sensation de tremblement de terre qui secoue les corps et fait battre le cœur à tout rompre. Les gens perdent des membres de leur famille, des voisin.e.s… Le nombre de civil.e.s tué.e.s est effroyable. Des familles entières ont été anéanties. J’ai des ami.e.s qui sont les seul.e.s survivant.e.s, des orphelin.e.s. Tous les membres de leur famille ont été tué.e.s. La femme et les trois enfants de mon cousin ont été tué.e.s. Il est resté seul. Treize années de sa vie et de la construction d’une maison ont été anéanties par un bombardement israélien.
Cela nous amène à faire des comparaisons avec le prix payé par nos grands-parents lors de la Nakba. Gaza ne sera plus jamais la Gaza d’avant ces bombardements, mais le danger qui se profile est encore plus grand.
De nombreux.ses Palestinien.ne.s mettent en garde contre le fait que les enfants n’associent Israël et les Israélien.ne.s qu’aux bombardements, aux chars et à la destruction, car c’est la seule expérience qu’ils.elles ont d’eux.elles. Les effets des brutalités se font sentir sur plusieurs générations ?
Oui. Et cette violence peut aussi radicaliser. Je pense que c’est en fait l’objectif du régime fasciste israélien actuel : accroître et renforcer la haine afin que personne ne parle jamais de la solution d’un État unique et démocratique. Cela fait partie de l’infrastructure de l’occupation – la guerre psychologique. Ils.elles peuvent légitimer l’État exclusivement juif s’ils peuvent affirmer de manière convaincante que ce n’est pas seulement parce que les Palestinien.ne.s ne sont pas juifs.ves, mais aussi parce que les Palestinien.ne.s ne peuvent pas surmonter ce que les forces israéliennes leur ont fait et leur font subir – après de telles atrocités, il est impossible de vivre ensemble à l’amiable.
C’est la stratégie israélienne de ségrégation à long terme – utiliser les injustices intériorisées comme raison pour une ségrégation continue et croissante, pour plus de bantoustans palestiniens et pour un contrôle supérieur juif sur la terre. C’est la raison d’être du projet sioniste depuis toujours.
En réponse aux bombardements israéliens actuels sur Gaza, vous avez écrit « Une lettre d’un Palestinien à l’Europe« . Nous assistons à la déshumanisation des Palestinien.ne.s dans de nombreux médias occidentaux, dans la politique – et nous le permettons. Comment cela nous affecte-t-il et affectera-t-il nos sociétés ?
Ce qui se passe est une énorme perturbation de nos sociétés. Les effets sont ressentis et se feront sentir à de nombreux niveaux – économique, social, politique et communautaire. Gaza ne sera plus jamais la même. Et nous, en tant qu’êtres humains, ne serons plus les mêmes – je pense que notre état ne cesse de s’aggraver. Les traumatismes ne s’arrêtent jamais. Et Israël intègre de plus en plus de traumatismes et d’expériences extrêmes, les utilisant comme des mécanismes de contrôle pour la gestion humaine. Nous avons des générations de Palestinien.ne.s qui n’ont jamais eu d’expérience avec un.e civil.e israélien.ne, mais seulement avec les réponses militarisées, avec les snipers qui tirent sur des manifestant.e.s pacifiques ou des agriculteurs.rices, avec le siège qui a aggravé la déshumanisation qui dure depuis des décennies. Ils.elles s’alignent ainsi sur les groupes de droite qui, en Europe et dans le monde entier, diffusent une propagande antimusulmane. À leurs yeux, aucun mouvement musulman n’est un mouvement de libération, tous.tes sont des terroristes et aucun.e ne peut être un partenaire de la démocratie.
Nous vivons une période dangereuse. Les personnes en Palestine, à Gaza, sont en danger extrême. La raison est en danger. Après avoir vécu ou assisté à ce qui arrive quotidiennement à nos familles à Gaza, nous sommes changé.e.s, abîmé.e.s.
Notre vie, à nous Palestinien.ne.s, consiste à maintenir l’espoir, ce qui est notre devoir moral, à maintenir la survie et la résistance. La situation est extrême mais, à bien des égards, nous n’avons jamais vécu une vie « normale ». Il n’est pas normal d’avoir à répondre et à résister quotidiennement aux tactiques coloniales israéliennes de contrôle et de gestion des populations. Pourtant, nous essayons de mener et de poursuivre nos vies « normales ». Nous voulons rester humains.
Cependant, en Occident, aujourd’hui plus que jamais, nous ne sommes pas considéré.e.s comme des égaux.ales. Cette fois-ci, nous pouvons le lire très clairement, bien que nous le sachions depuis 75 ans. Mais parfois, dans les moments les plus violents, on voit les visages les plus humains et les plus héroïques des gens. Comme ceux.celles qui ont sauvé les survivant.e.s de l’Holocauste ou qui ont caché les Juifs.ves lorsque les nazis sont venus les chercher. Il y a des gens qui se mettent en danger pour l’humanité, qui essaient d’arrêter les atrocités. Ce sont eux les vrais humains, pas ceux qui restent silencieux.ses et neutres. Aujourd’hui, le monde est mis à rude épreuve. Alors que les Palestinien.ne.s sont déshumanisé.e.s et délégitimé.e.s, nous voyons comment les habitant.e.s de Gaza partagent le peu d’eau, de pain et de riz qu’ils.elles ont pour survivre ensemble. Ce sont les actions les plus humaines – prendre soin des autres et partager avec eux.elles.
Dans votre activisme actuel et passé, vous coopérez avec des militants anti-apartheid israéliens. Dans quelle mesure est-ce difficile et important de contrer la logique de ségrégation que vous avez mentionnée précédemment et qu’Israël tente d’instiller ?
Il est important de comprendre que les Israéliens anticolonialistes et antisionistes sont très peu nombreux, peut-être quelques milliers. Ils ont très peu de pouvoir dans une société majoritairement de droite. Même les sionistes libéraux qui soutiennent une solution à deux États ne sont pas favorables à ce que les Palestiniens vivent avec eux dans un État démocratique, anticolonial et antifaciste.
Nous partageons cette vision avec des groupes antisionistes et anticolonialistes, comme Jewish Voice for Peace, et c’est pourquoi il est important que nous travaillions ensemble. Ici aussi, en Allemagne. Nous coopérons parce que nous voyons l’importance de notre communication continue et de préparer le terrain pour une réalité d’un seul État, pour être des voisins ensemble…
Pour moi, la seule réalité importante aujourd’hui est la lutte pour démanteler le régime colonial des colons et permettre aux réfugié.e.s d’exercer leur droit au retour – dans les maisons qu’ils.elles ont dû quitter, dans les villages que leurs grands-parents ont été contraint.e.s de quitter pendant la Nakba. L’avenir doit être un avenir d’égalité, où personne n’est supérieur à l’autre. J’ai essayé d’y contribuer au cours des vingt dernières années. Chaque fois que la répression du régime colonial des colons s’intensifie, nos exigences augmentent également. Et notre responsabilité morale s’accroît, qui n’est pas exclusive à la Palestine, mais qui englobe tous les peuples entre le fleuve et la mer. Je crois que la libération humaine est liée à la libération de la Palestine, mais aussi à la libération des colons juifs.ves qui ont été utilisé.e.s par le régime colonial fasciste pour occuper la terre.
Aux États-Unis, nous assistons à une résistance juive antisioniste croissante au projet colonial des colons israélien.ne.s. Représentant la majorité de la jeunesse juive, ils.elles soutiennent la lutte palestinienne. Nous travaillons ensemble, nous luttons ensemble pour l’égalité et pour les droits de chacun.e. Nous revoyons la réalité de l’apartheid et du régime colonial des colons. Le régime de colonisation fasciste et d’extrême droite ne peut plus cacher sa criminalité. Tout le monde peut apprendre et lire ce que fait Israël. Et les crimes continus contre l’humanité qui sont commis pour soutenir le régime colonial des colons et la suprématie juive mettent en danger le peuple juif dans le monde entier.
Oui, nous devons garder les portes ouvertes et nous devons veiller à ce qu’il y ait un espace décolonisé pour toutes les personnes opprimées et colonisées. Il faut leur donner plus d’espace. Il est essentiel que les voix et les récits palestiniens soient entendus et présents. Si nous parlons de libération, les voix les plus importantes doivent être celles des opprimé.e.s et des colonisé.e.s.
La réalité de la Palestine occupée est aussi que l’oppression vient parfois des forces politiques palestiniennes, qu’Israël a forcées à entrer dans le système colonial de répression. Vous avez mentionné l’importance d’être prêt pour la réalité d’un État unique et démocratique. Comment soutenir au mieux le peuple et la société palestiniens dans cette perspective ?
En Palestine, les Palestinien.ne.s sont placé.e.s dans des bantoustans. Il s’agit des analyses de Foucault sur la manière de gérer les personnes par le biais du capitalisme. Les gens sont gérés par la privation. C’est une politique de la mort. Bien sûr, il y a toujours des moyens de réconciliation. Et les opprimé.e.s sont ceux.celles qui souhaitent le plus vivre en paix. Nous savons ce que cela signifie – parce que nous savons ce que signifient la guerre, la perte et la dépossession. Le traumatisme intergénérationnel nous donne cet immense désir de libération, de justice et d’égalité.
Mais l’Occident ne peut pas les garantir. Il faut que le monde entier se lève et dise non à Israël. Il faut mettre un terme au financement d’Israël et au commerce d’armes avec ce pays. Le statut d’Israël doit devenir celui de l’Afrique du Sud de l’apartheid. Tel est l’objectif de la campagne BDS : boycotter, désinvestir et sanctionner. Ce sont les outils dont les gens disposent et c’est la seule façon d’avancer. Un régime fasciste de droite ne changera pas de lui-même. Nous avons besoin de la révolution du peuple. Et je pense que nous avons des solutions. Aucun peuple opprimé et colonisé n’est resté opprimé et colonisé pour toujours. La libération a un prix et j’espère seulement que nous n’aurons pas à payer un prix beaucoup plus élevé que celui que nous avons déjà payé.
L’apartheid sud-africain a également été combattu par les travailleurs.euses qui se sont joint.e.s aux boycotts à l’échelle mondiale. Vous avez lancé un appel en ce sens dans le cas de la Palestine et d’Israël. Certains syndicats européens ont soutenu l’appel à la solidarité des syndicats palestiniens, des supporters.rices de football sont solidaires de la Palestine, des universitaires appellent à l’arrêt de la recherche et des coopérations universitaires. Cela peut-il suffire ?
La Norvège est un bon exemple. Leur principal syndicat, qui compte plus d’un million de membres, a voté en faveur de la solidarité avec la Palestine, de la responsabilisation d’Israël et de l’interdiction des produits issus des colonies illégales. Les syndicats belges et les pompier.e.s de Barcelone ont également exprimé un soutien important. Les mouvements syndicaux parlent le même langage et les travailleurs.euses comprennent. La Palestine est une lutte de classe, où la classe d’élite tente de protéger ses propres intérêts économiques. Partout dans le monde, dans les rues en solidarité avec la Palestine, nous voyons les travailleurs.euses, les migrant.e.s… et non les élites. La Palestine rejoint de nombreuses luttes : anti-impériale, anticapitaliste, anticoloniale, anti-classe… Elle rappelle également aux syndicats leur identité morale d’internationalisme et de solidarité. Dans les rues, nous comprenons cela.
J’ai beaucoup d’espoir dans les gens, et aussi dans le fait qu’ils.elles trouveront un moyen d’assurer l’espace nécessaire pour que le récit palestinien soit entendu et pour expliquer aux autres pourquoi il s’agit de notre lutte commune. Les États occidentaux, tous les gouvernements européens, sont complices des crimes de guerre commis contre les Palestinien.ne.s. Ils font du commerce d’armes avec Israël et importent des produits issus des colonies. Les impôts des Européen.ne.s et des travailleurs.euses contribuent aux actions israéliennes contre les Palestinien.ne.s. Je pense que les syndicats et les gens protestent de plus en plus contre cela. Il s’agit d’une forme très simple de solidarité : s’assurer que l’argent de ses impôts n’est pas investi dans des crimes de guerre.
Pensez-vous que les voies juridiques méritent d’être poursuivies – les poursuites devant la Cour pénale internationale et l’utilisation de la compétence universelle … ?
Je pense que tous les moyens sont bons. Chacun.e peut faire quelque chose, y compris sur son lieu de travail. Si un.e travailleur.euse sait que son entreprise travaille avec Israël, il.elle doit protester. C’est ce qui s’est passé avec les travailleurs.euses de booking.com et d’Airbnb lorsque des logements ont été proposés dans des colonies israéliennes illégales. C’est immoral et illégal. Les travailleurs.euses ont demandé des comptes à leurs employeurs.euses, ont contacté le mouvement BDS, certain.e.s ont supprimé ces offres, ont écrit des appels, d’autres ont quitté leur emploi. La structure capitaliste est forte, mais elle rappelle que la Palestine est aussi une lutte anticapitaliste. Nous voyons aujourd’hui que les entreprises ne sont pas tenues de rendre des comptes et que nous, les gens, avons été transformés en marchandises pour servir les intérêts capitalistes, qui nuisent aux gens en Palestine, en Afrique, dans le Sud ; en utilisant les ressources des gens pour gagner plus de richesses. Il s’agit là d’un cercle mondial de violence structurelle auquel il faut mettre un terme. L’impérialisme occidental doit être démantelé à tous les niveaux, aujourd’hui. Aujourd’hui.
Vos grands-parents font partie des victimes de la Nakba. Ils.elles ont été chassé.e.s des villages de Bayt Jirje et d’Isdud, l’actuelle ville israélienne d’Ashdod. Comment pouvons-nous garantir le droit au retour de tous.tes les réfugié.e.s palestinien.ne.s sans ajouter à la peur que le gouvernement israélien répand à l’encontre des Palestinien.ne.s ? Que signifieraient le retour, la restitution, les réparations et la justice ?
Des architectes palestinien.ne.s et un important chercheur palestinien, Salman Abu Sitta, ont travaillé sur cette question : le retour est-il possible et comment ? De nombreux villages existent encore et il y a suffisamment d’espace pour tout le monde sur le territoire. Le retour est possible. Les colons savent qu’ils sont venus de l’étranger et qu’ils.elles vivent sur une terre qui n’est pas la leur, contribuant ainsi au nettoyage ethnique. Israël est un pays suffisamment riche et a reçu beaucoup d’aide – seule l’aide militaire des États-Unis s’élève à des milliards chaque année et ce génocide en cours à Gaza a déjà coûté plus de 200 milliards de dollars, avec encore plus d’argent d’aide à Israël. Il existe des expert.e.s en droit et en transformation des conflits qui peuvent trouver un moyen et mettre en place un système pour y parvenir.
Ce qu’Israël essaie de faire, c’est de susciter chez les colons la peur d’être les prochain.e.s réfugié.e.s. Cela ravive des craintes qui remontent à l’Europe, à l’Holocauste et au nettoyage ethnique des Juifs.ves de cette région, à la façon dont les sionistes ont utilisé cela et à l’antisémitisme chrétien permanent à l’encontre des Juifs.ves pour les maintenir en Palestine. Avant la colonisation de la Palestine, les Juifs.ves vivaient dans tous les pays arabes. Et nous comprenons qu’un nouveau tort ne peut être justifié par l’expérience d’un tort passé. Nous pouvons parvenir à la justice : tous.tes ceux.celles qui ont commis des erreurs doivent s’excuser et la communauté internationale doit faciliter le processus afin que personne ne soit blessé. Chacun doit contribuer à la justice, à l’égalité et à la libération collective de tous.tes les habitant.e.s du pays. C’est ce que les Palestinien.ne.s demandent. Nous essayons de dire aux Israélien.ne.s, aux Juifs.ves et à la communauté internationale que nous sommes prêt.e.s à trouver une solution qui ne fera pas de nouveaux réfugié.e.s. Nous savons ce qu’il en coûte d’être un.e réfugié.e, d’avoir perdu sa famille et sa maison, de résister à un régime colonial de colons, et nous ne voulons pas subir davantage de préjudices.
La Palestine a toujours été une communauté diverse – juifs.ves, chrétien.e.s, musulman.e.s, bahá’ís, druzes, soufis… – tout le monde vivait ensemble en Palestine. Il n’y avait pas de problèmes ethniques ni d’antisémitisme, qui ont toujours été un problème européen. Tout le monde était simplement palestinien.ne. C’était la Palestine historique. Nous pourrions à nouveau avoir une terre commune. Et nous avons suffisamment de personnes intelligentes pour élaborer une résolution juste et équitable pour tout le monde. Tel est le rêve.
Cet article a été publié à l’origine dans Mešanec en slovène et a été traduit pour ZNetwork par l’auteur en vue de sa publication en anglais.
Majed Abusalama est un écrivain et militant politique de premier plan, il est cofondateur de nombreuses organisations, dont Palestine speaks in Germany. Né à Gaza, il vit aujourd’hui entre Berlin et Tampere, où il termine son doctorat sur la génération du blocus israélien de Gaza.
Kristina Božič est journaliste. Diplômée en droit, elle a écrit pour les principaux médias slovènes, tandis que ses travaux en anglais ont été publiés dans London Review of Books, BalkanInsight et Kosovo 2.0. Elle fait partie des contributeurs.rices du site web Mesanec. Depuis près de vingt ans, elle s’efforce de raconter l’histoire de personnes qui luttent pour un avenir meilleur et de tirer la sonnette d’alarme sur les injustices systémiques.
Source: Z
Traduction ED pour l’Agence Média Palestine