L’économie israélienne en chute libre

Depuis le 7 octobre 2023 et le début de l’offensive israélienne massive et sans précédent sur la bande de Gaza, la presse israélienne fait état de la chute libre de l’économie israélienne.

Par l’Agence Média Palestine, le 14 février 2024

Depuis le 7 octobre 2023, le gouvernement israélien déploie une offensive militaire massive et « génocidaire », comme le déclarait la FIDH le 12 décembre dernier, contre la population palestinienne de Gaza. Cette offensive comprend des tonnes de bombes, des armes et des engins de combat, de l’artillerie aérienne, maritime et terrestre et surtout près de 500 000 soldats mobilisés dans les forces d’occupation israéliennes. Les dépenses consacrées par le gouvernement israélien à son projet de nettoyage ethnique de la bande de Gaza, sont énormes et le confrontent à une perspective de plus en plus probable à une prochaine et grave crise économique.

Il y a quelques semaines, la Banque Centrale d’Israël (BCI) a estimé que la guerre coûtait environ 246 millions d’euros par jour à l’Etat, soit plus de 600 millions d’euros par semaine, soit 6% du PIB israélien. Cette somme comprend notamment la solde des réservistes, le coût des heures de vol, du carburant, de la nourriture et des munitions. Cette crise économique majeure se répercute sur les foyers israéliens, qui, selon un article du média sioniste « Israel Valley« , sont de plus en plus à se retrouver en grande difficulté : « 22 % des ménages – soit 710 000 familles – sont en insécurité alimentaire (…). Il s’agit d’une augmentation très importante des foyers en situation précaire, alors qu’on en dénombrait 522 000 en 2021. La moitié de ces foyers n’ont pas non plus les moyens de chauffer leur logement ni d’avoir de l’eau chaude. »

La presse économique israélienne, comme Israel Valley – dépendant directement de la Chambre de Commerce France-Israël – , est contrainte de rendre compte depuis le 7 octobre 2023 des grandes difficultés que traverse Israël depuis le début de son offensive sur Gaza en octobre dernier, et affirme qu’il s’agit d’une « situation de guerre sans commune mesure avec les précédents conflits », autrement dit, Israël n’a jamais autant dépensé pour financer l’offensive meurtrière contre les Palestiniens. Le journal évoque également le triplement du déficit budgétaire d’Israël depuis le 7 octobre 2023. En effet, le 1er janvier 2024, le ministère des Finances israéliens a ré-affirmé son intention destructrice à l’encontre de Gaza et ses habitants et annonce que cette offensive coûtera probablement au moins 14 milliards de dollars en 2024, soit un quasi-triplement du déficit budgétaire israélien.

Un article du Financial Times du 6 novembre 2023 dans lequel le Ministère du Travail Israélien estimait que « 764 000 Israéliens, soit 18 % de la population active, ne travaillent pas après avoir été appelés en réserve, évacués de leur ville ou contraints de s’occuper de leurs enfants à la maison en raison de la fermeture des écoles et qu’une entreprise sur trois avait fermé ou fonctionnait à 20 % ou moins de sa capacité depuis le début de la guerre, tandis que plus de la moitié d’entre elles avaient enregistré des pertes de revenus de 50 % ou plus « . Aussi, à la fin de l’année 2023, le shekel est tombé à son plus bas niveau depuis 11 ans par rapport au dollar.

Israël rencontre également une pénurie de main d’oeuvre ouvrière, notamment dans le secteur agricole et celui de la construction : tous les réservistes mobilisés étant des travailleurs en moins, et selon « Association of Contractors and Builders in Israel« , il manque 100 à 140 000 ouvriers du bâtiment depuis le début de la guerre (environ 75 000 Palestiniens de Cisjordanie, 12 000 de Gaza et entre 15 000 et 30 000 illégaux). Pour remplacer les travailleurs palestiniens, l’objectif du gouvernement israélien est de faire venir rapidement 10 000 nouveaux travailleurs entrants grâce aux accords avec Sri Lanka, l’Inde et l’Ouzbékistan, affirme Israel Valley.

Les travailleurs thaïlandais, estimés à au moins 20 000 travaillant officiellement en Israël, et qu’Israël avait employé dès les années 80 afin de moins dépendre de la main d’oeuvre palestinienne, ont eux été massivement rapatriés par le gouvernement thaïlandais depuis le 7 octobre 2023. En effet, plus de 7 000 Thaïlandais ont été rapatriés à Bangkok depuis octobre dernier. Une opération payée par les autorités thaïlandaises pour ces ouvriers agricoles embauchés majoritairement dans des fermes israéliennes. Le secteur agricole israélien connait donc lui aussi une pénurie massive de main d’oeuvre depuis le début de son offensive sur l’enclave gazaouie.

Un autre secteur particulièrement important pour le bien-être économique d’Israël, qui représente 50% de ses exportations, est celui de la technologie. En effet, comme l’explique ici Dan Ben-David, professeur à l’Université de Tel Aviv, les employés de ce secteur étant majoritairement jeunes, moins de 40 ans, ils sont quasiment tous en âge de combattre et donc mobilisés par les forces d’occupation israéliennes.

Enfin, Moody’s, l’une des principales agences de notation internationales, chargée d’évaluer la crédibilité d’un gouvernement en matière d’obligations financières et de dette, a récemment baissé la note de la dette d’Israël au niveau A2, en expliquant ceci : « L’évaluation selon laquelle le conflit militaire en cours avec le Hamas, ses conséquences et ses répercussions plus larges accroissent sensiblement le risque politique pour Israël et affaiblissent ses institutions exécutives et législatives ainsi que sa force budgétaire ». Cette décision rendra ainsi les emprunts plus coûteux pour Israël et compliquera sa reconstruction financière future.

Israël voit son score baisser de la notation à A1 à A2. Source : Wikipedia

Au fur et à mesure qu’Israël s’enlise dans ses dépenses astronomiques vouées à l’accomplissement du dessein génocidaire qu’il réserve aux habitants de la bande de Gaza, ses alliés impérialistes occidentaux s’enlisent eux aussi dans leur complicité avec les crimes commis par Israël. Israël est de plus en plus dépendant de l’aide extérieure, notamment de celle des États-Unis, qui le 20 octobre 2023, avait débloqué 14 milliards de dollars d’aide militaire et financière afin de lui venir en aide.

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