La journaliste palestinienne Hind Khoudary dépeint la situation catastrophique à Gaza. Sur son compte instagram, elle publie un texte qui interpelle la communauté internationale à agir pour un cessez-le-feu. L’agence Média Palestine a traduit sa lettre que vous pouvez lire ci-dessous.
Cher Monde,
C’est le 141ème jour de cette guerre sans fin contre Gaza. J’en suis rendue à ne penser que tout
ce que je fais ne sert à rien.
Je ne suis pas sûre que c’est ce que je pense vraiment ou c’est juste toute la rage
emmagasinée dans mon cœur blessé. Je me souviens quand j’étais à l’école primaire et que
j’écrivais chaque jour dans mon journal intime et que je le cachais. Je cachais mon journal car
j’avais peur que quelqu’un lise son contenu.
J’écrivais ce que je ressentais, ce qui me rendait heureuse et ce qui me rendait triste.
Aujourd’hui je partage mes émotions avec plus d’un million de personnes.
Je partage mes émotions, mes incertitudes, mes peurs et mes réflexions.
Mon cœur est très faible, quelques fois je l’entends battre la chamade.
À chaque fois qu’ils bombardent, mon cœur bat la chamade.
Cette bombe pourrait tuer quelqu’un.e que j’aime, ou la famille de quelqu’un.e d’autre.
Je n’ai jamais voulu être célèbre, je veux seulement retrouver ma maison.
Je me suis toujours sentie seule, peut-être parce que je suis cancer et une drama queen (sauf
la nuit) mais je ne me suis jamais sentie aussi seule.
Le ciel et les étoiles sont magnifiques depuis deux jours, mais il fait si froid.
Mon blouson préféré me manque, mais il doit être soit brûlé soit déchiré sous les décombres.
Qu’est-ce que ça fait de passer l’hiver sans une tasse de chocolat chaud ? Sans mon pyjama
préféré ?
Rien n’est plus pareil.
Même les couleurs me semblent moins vives.
Au nord, les gens meurent de faim, au sud s’entassent les personnes sans logement sous des
pluies de bombes.
Quand est-ce que cela va s’arrêter ?
Je veux que ça s’arrête tout de suite.
J’ai des cheveux blancs maintenant, mon visage a changé.
Nous sommes dévasté.es.
Nous entendez-vous ? Nous voyez-vous ?
Montaser, Hamza, Rushdi, Abdullah, Mohammed et Nidal me manquent.
Je ne veux pas perdre d’autres personnes que j’aime.
Ce voyage est trop long.
S’il vous plaît, faites en sorte d’arrêter ça.
Ne nous oubliez pas.
Hind
Source : Instagram d’Hind Khoudary
Traduction : LG pour l’Agence Média Palestine