Plus de 60 médias internationaux demandent à Israël un accès « indépendant » à Gaza

Nous re-publions ici une lettre ouverte dans laquelle une soixante de médias exige un « accès immédiat et indépendant » à Gaza afin de couvrir au mieux le conflit et décharger leurs collègues Palestiniens, sur place depuis le début.

Par Le Parisien avec AFP, le 11 juillet 2024

Wael al-Dahdouh, journaliste palestinien et chef du bureau d’Al Jazeera à Gaza, devenu l’un des visages du journalisme palestinien depuis le début du conflit. (Mohammed Talatene/Icon sport)

L’Agence France Presse, BBC, le New York Times… 64 médias internationaux ont publié jeudi une lettre ouverte sur le site du Comité pour la protection des journalistes (CPJ) en appelant les autorités israéliennes à permettre à la presse un « accès immédiat et indépendant » à la bande de Gaza assiégée, après neuf mois de guerre dévastatrice.

Ces médias exigent deux choses auprès des autorités israéliennes : « mettre fin immédiatement aux restrictions imposées aux médias étrangers entrant dans la bande de Gaza » ainsi que « d’accorder un accès indépendant aux organisations de presse internationale qui souhaitent se rendre sur le territoire », peut-on lire dans la lettre.

Vivre une guerre et la documenter, un « fardeau impossible » pour les journalistes locaux

En neuf mois de guerre, « les journalistes internationaux n’ont toujours pas accès à Gaza, à l’exception de rares voyages sous escorte organisés par l’armée israélienne », dénoncent entre autres le Guardian ou CNN. En effet, ces restrictions sont un « fardeau impossible et déraisonnable » pour les journalistes locaux, souvent Gazaouis, chargés de documenter une guerre à laquelle ils sont eux-mêmes confrontés, ajoutent-ils.

Hamza Dahdouh, Moustapha Thuraya, Ayat Khadoura… La liste des journalistes tués depuis le début de la guerre est longue, très longue même car ils sont plus de 100 d’après la CPJ, l’association qui coordonne la lettre ouverte. C’est à ce jour l’un des conflits les plus meurtriers pour la presse.

Les médias signataires demandent à Israël de « respecter ses engagements en matière de liberté de la presse en fournissant aux médias étrangers un accès immédiat et indépendant à Gaza » et de « respecter ses obligations internationales en matière de protection des journalistes en tant que civils ». Ce n’est pas la première alerte concernant la situation des journalistes gazaouis : début 2024, plus de trente médias internationaux avaient appelé à protéger les journalistes palestiniens restés à Gaza.

La volonté d’une couverture plus juste du conflit

À l’exception de quelques voyages organisés par l’armée israélienne, très peu de journalistes internationaux ont pu se rendre sur place, encore moins sur la durée. L’enjeu principal de cette demande d’accès à Gaza est celui d’une information vérifiée et d’une couverture plus juste du conflit.

« Au début de la guerre, il nous fallait un jour ou deux pour vérifier une information sur un journaliste blessé ou tué » explique le Carlos Martínez de la Serna, directeur du programme de la CPJ. « Désormais, il nous faut des semaines voire des mois pour collecter et vérifier ces informations. Parfois c’est même impossible », déplorait-il quelques semaines après l’attaque de l’hôpital Al-Shifa pour laquelle la CPJ peine à trouver des informations fiables. Les informations sont difficiles à trouver, noyées parmi les preuves détruites, les pannes de communication ou les récits contradictoires.

L’offensive israélienne à Gaza a provoqué un désastre humanitaire et fait jusqu’à présent 38 345 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, territoire palestinien dirigé par le Hamas et sous blocus israélien depuis 2007. Cette guerre est survenue après l’attaque sans précédent menée par le Hamas sur le sol israélien le 7 octobre.

Trois plaintes ont déjà été déposées par Reporters sans Frontières auprès de la Cour pénale internationale pour « crime de guerre commis par Israël sur des journalistes ».

Source : Le Parisien

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