Gaza, jour 318 : Israël attaque Deir El-Balah, les civils ne savent plus où se réfugier

Par l’Agence Média Palestine, le 19 août 2024

Gaza, des gravats et des tombes (image via the daily file)

Alors que les négociations ont repris et qu’Antony Blinken saluait ce matin un « moment décisif » pour Israël de conclure un accord de cessez-le-feu avec le Hamas et de rapatrier les captifs, les attaques israéliennes s’intensifient sur Gaza.

Depuis ce matin, lundi 19 août, au moins 13 Palestinien·nes ont été assassiné·es à Gaza, rapportent des sources médicales. Des bombardements israéliens sur le centre et le sud de la bande de Gaza sont continuellement signalés.

Au moins trois Palestinien·nes ont été tué·es, et d’autres blessé·es dans des bombardements israéliens sur le sud de Nuseirat. Trois autres victimes ont été signalées après une attaque aérienne israélienne sur une maison au sud de Deir El-Balah. Par ailleurs, l’agence WAFA fait état d’un nombre non identifié de mort·es et de blessé·es dans une attaque aérienne israélienne contre la maison de la famille Abu Awda dans la ville d’Abasan al-Kabira, à l’est de la ville de Khan Younis, au sud de Gaza.

Selon l’ONU, des milliers de civils ont dû « partir précipitamment, sans savoir où aller, au milieu de la mort et de la destruction » après de nouveaux ordres d’évacuation israéliens pour des secteurs de Deir al-Balah et Khan Yunis. L’armée israélienne a attaqué aujourd’hui le centre de Deir el-Balah, qui avait jusqu’à présent été largement épargné par les combats au sol, forçant encore davantage les Palestinien·nes à se concentrer sur seulement 11% de la bande de Gaza.

Les civils ne savent plus où aller

La directrice du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) Lisa Doughten a déclaré lors d’un point de presse au Conseil de sécurité de l’ONU que « les civils sont constamment priés d’évacuer vers des zones où les éléments essentiels à leur survie sont absents » et « ils sont régulièrement tués et blessés dans les endroits mêmes où on leur a dit qu’ils pouvaient se rendre en toute sécurité ».

Elle ajoute qu’« en seulement deux semaines, plus d’un quart de million de personnes ont été déplacées, souvent à plusieurs reprises » et que « les ordres d’évacuation – soi-disant pour la sécurité des civils – ont clairement l’effet inverse ».

L’offensive israélienne en cours sur la bande de Gaza a entraîné la destruction de 63 % des zones résidentielles de Gaza, dont quelque 215 000 logements et les quatre universités de la bande de Gaza, tandis qu’elle a complètement mis hors service 36 hôpitaux ou centres médicaux. Seuls 12 centres médicaux restent partiellement fonctionnels dans un contexte de grave pénurie de fournitures médicales et de carburant pour les générateurs électriques, traitant plus de 92 000 blessés et des dizaines de milliers d’autres patients.

La barre des 40 000 Palestinien·nes assassiné·es est franchie

Plus de 40 000 Palestinien·nes ont été tué·es en 10 mois, dont au moins 10 627 enfants parmi lesquels 663 avaient moins d’un an, rapporte l’OCHA dans son dernier bilan du 16 août 2024. Il est estimé que quelque 10 000 Palestiniens portés disparus se trouvent encore sous les décombres, le nombre réel de Palestiniens tués pourrait donc atteindre 50 000. Le mois dernier, une enquête prenant en compte les morts indirectes causées par les suites des blessures, les déplacements répétés, la famine et les maladies liées à l’insalubrité pourraient multiplier ce chiffre par quatre.

Le 12 août, le Secrétaire général des Nations Unies António Guterres a condamné les « pertes en vies humaines qui continuent à Gaza ». Il a réitéré « l’appel urgent à un cessez-le-feu immédiat et à la libération inconditionnelle de tous les otages… la nécessité d’assurer la protection des civils et un accès humanitaire sans entrave et sûr à Gaza ». Le chef de l’ONU a en outre souligné que « le droit international humanitaire, y compris les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution dans les attaques, doit être respecté à tout moment ».

33% des victimes sont des enfants, dont au moins 115 assassinés le jour même de leur naissance. 8,6% des victimes étaient des personnes âgées. Le haut commissaire des droits de l’homme aux Nations Unies Volker Turk a déclaré que le bilan des victimes des massacres israéliens contre Gaza « marque une étape sombre pour le monde », ajoutant que « cette situation inimaginable est due en grande partie aux manquements récurrents des forces de défense israéliennes à se conformer aux règles de la guerre ». Il a en outre noté : « Notre bureau a documenté de graves violations du DIH par l’armée israélienne et les groupes armés palestiniens».

Francesca Albanese, la rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés, critique dans un tweet une récente déclaration de la Maison Blanche qui mettait l’accent sur la sécurité d’Israël comme motif pour mettre fin à la guerre contre Gaza : « 40 000 victimes ont été recensées, mais l’accent reste mis sur la sécurité d’Israël, quoi que cela implique. Le manque de respect pour la vie des Palestiniens est déconcertant. »

Les réserves de stock nécessaires à la désinfection de l’eau potable et de l’eau domestique ne suffisent que pour un mois, prévient le Groupe de travail sur l’eau, l’assainissement et l’hygiène.

L’entrée de marchandises alimentaires commerciales à Gaza a augmenté en juillet par rapport à juin, rapporte le Réseau des systèmes d’alerte précoce contre la famine.

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