Gaza, jour 389 : « l’ensemble de la population du nord de Gaza risque de mourir »

Israël poursuit sa guerre génocidaire à Gaza, en Cisjordanie et au Liban. Point sur la situation cette semaine à Gaza, où l’armée israélienne continue de bombarder, d’affamer et d’empêcher les secours des Palestinien·nes resté·es au nord de l’enclave assiégée.

Par l’Agence Média Palestine, le 29 octobre 2024

CHIFFRES CLÉS :
Au moins 43 020 Palestinien·nes ont été assassiné·es par Israël et au moins 100 544 blessé·es dans la bande de Gaza (dont 59% de femmes, d’enfants et de personnes âgées) depuis le 7 octobre 2023
Plus de 760 Palestinien·nes ont été tué·es par Israël en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est. Parmi eux, au moins 146 enfants depuis le 7 octobre 2023
Israêl a tué au moins 2 574 Libanais·es et fait plus de 12 001 blessé·es depuis le 7 octobre 2023

Au moins 189 personnes ont été tuées ces dernières 72 heures, principalement dans le nord de Gaza, assiégé depuis maintenant 4 semaines. Ce dimanche 27 octobre, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est dit « choqué par le nombre atroce de mort·es, de blessé·es et de destruction dans le nord » de la bande de Gaza. Le même jour, de nouvelles frappes ont été lancées dans la zone, notamment à Jabalia. « La détresse des civil·es palestinien·nes pris·es au piège dans le nord de la bande de Gaza est insupportable », a dénoncé le chef de l’ONU dans un communiqué, décrivant des « civil·e·es sous les décombres, des malades et des blessé·es privé·es de soins de santé vitaux, et des familles manquant de nourriture et d’abris ».

Des bombardements israéliens ont été rapportés lundi à Beit Lahiya, détruisant tout un bloc résidentiel et tuant au moins 35 personnes. Israël a également bombardé une école hébergeant des civil·es dans le quartier de Fakhoura à Jabalia, et tué au moins 20 Palestinien·nes qui s’y abritaient.

Plusieurs rapports indiquent que de nombreuses parties du nord sont désormais inhabitables en raison des bombardements incessants de l’année dernière, ainsi que des récentes invasions terrestres répétées. On estime que de nombreux·ses Palestinien·nes restent bloqué·es ou gisent sous les décombres, notamment à Beit Lahiya, à la suite des bombardements israéliens incessants qui ont provoqué des destructions massives la semaine dernière. Les équipes de la Défense Civile Palestinienne ont été interdites par l’armée israélienne d’opérer dans le nord de Gaza, si bien que les habitant·es doivent creuser elles et eux-même les décombres à la recherche de leurs proches et d’éventuel·les survivant·es.

Le dernier hôpital en activité dans le nord de la bande de Gaza a officiellement cessé de fonctionner depuis samedi 26 octobre à la suite d’un raid des forces israéliennes. Celles-ci ont commencé par investir l’hôpital, ordonnant aux patient-es et au personnel médical de quitter les ailes et de descendre dans la cour. Les soldat-es israéliens ont ensuite séparé les hommes des femmes et ont arrêté des dizaines de Palestiniens, y compris l’ensemble du personnel de l’hôpital à l’exception d’une infirmière et du directeur de l’hôpital, le Dr Husam Abu Safiyeh.

Depuis le début du siège, les forces israéliennes ont ouvert le feu sur les bâtiments de l’hôpital, brisant les fenêtres et bombardant les étages supérieurs. Les forces israéliennes assiègent les hôpitaux al-Awda et indonésien dans le nord de Gaza. Le personnel médical ne cesse d’alerter, en vain, que les soins sont rendus de plus en plus impossibles en raison du manque de carburant pour alimenter les générateurs et des graves pénuries de médicaments et de matériel médical.

Près de 100 000 Palestinen·nes seraient encore piégé·es dans le nord de Gaza, coupé·es de toute aide humanitaire, privé·es de nourriture et de matériel médical. La principale responsable de l’aide humanitaire des Nations unies (ONU) a averti samedi que, face à la détérioration rapide de la situation et à l’offensive féroce menée par l’armée israélienne, « l’ensemble de la population du nord de Gaza risque de mourir ». « Les hôpitaux ont été touchés et les travailleur·euses de la santé ont été arrêté·es. Les abris ont été vidés et incendiés », a déclaré Joyce Msuya, sous-secrétaire générale par intérim aux affaires humanitaires et coordinatrice des secours d’urgence. Elle a exprimé sa profonde inquiétude pour la population civile, signalant que « les familles ont été séparées et que les hommes et les garçons sont emmenés par camions entiers ».

« Ce qui se passe dans le nord de Gaza est une extermination », a déclaré Hamida Maqat, une Palestinienne ayant fui le nord pour se réfugier dans la ville de Gaza, après que sa maison à Jabalia ait été bombardée par Israël le 20 octobre dernier. Son mari, son fils, son frère et son neveu ont été tués. « Les bombardements ne s’arrêtent pas une seconde. Tout ce qui se trouve au sol est bombardé. Mon frère nettoyait le puits d’eau de sa maison lorsque les avions l’ont bombardée. Il a été tué avec sa femme, ses enfants et ses petits-enfants. Plus de 16 personnes se trouvaient à l’intérieur de la maison et personne n’a pu les atteindre. »

Nouvelle nuit de massacre

Les forces israéliennes ont tué près de 100 Palestinien·nes , dont 25 enfants, lors d’un raid aérien dans la nuit du 28 au 29 octobre 2024 sur des maisons du nord de Gaza où dormaient entre 300 et 400 personnes déplacées. Au moins 93 décès ont été confirmés, dont 25 enfants, selon le bureau des médias du gouvernement basé à Gaza. 150 personnes ont été blessées et quarante autres personnes sont portées disparues.

Des images diffusées sur Al Jazeera montrent des corps recouverts de couvertures sur le site de l’attaque. On y voit une femme se lamenter à côté des victimes, dont plusieurs de ses enfants et petits-enfants. « Sur qui vais-je pleurer ? » demande-t-elle. « Mes fils ? Mes filles ? Mes petits-enfants ? Mes frères et sœurs ? Ils sont tous partis. Il n’y a plus personne pour moi. »

Les médias locaux racontent qu’en raison des destructions et de pénuries de matériel médical, ainsi que des arrestations massives du personnel soignant, les blessé·es ne pourront pas être soigné·es correctement,. « La plupart des blessés risquent de mourir en raison du manque de ressources », a déclaré le Dr Hussam Abu Safiyeh, dernier médecin de l’hôpital Al-Awda. « Le monde doit agir et ne pas se contenter de regarder le génocide à Gaza. »

4 journalistes tué·es

Dimanche 27 octobre, une frappe israélienne a visé une école abritant des réfugié·es et tué au moins 9 personnes, dont 4 étaient journalistes : Saed Radwan, de la chaîne locale Al-Aqsa TV, Hamza Abu Salmiya, de l’agence de presse Sanad, et Haneen Baroud, qui travaille pour la Fondation Al-Quds et Nadia Imad Sleem, qui travaillait pour plusieurs médias locaux. L’agence de presse WAFA rapporté que ce refuge, l’école Asmaa, avait été bombardé par les forces israéliennes à deux reprises ce mois-ci, la dernière attaque, le 19 octobre, ayant fait des dizaines de victimes.

Contactée par l’Agence Média Palestine, la porte parole du PJS Shuruq As’ad nous raconte que Nadia Imad Sleem, journaliste palestinienne, travaillait dans l’un des 73 organismes de presse entièrement détruits par des tirs ciblés de l’armée israélienne à Gaza depuis le 7 octobre 2024. Ses frères ont été assassinés au début de l’offensive génocidaire d’Israël. Les journalistes sont systématiquement ciblés à Gaza, et leurs familles également, comme l’indique le dossier de presse « réduire les voix aux silence » du PJS publié la semaine dernière : ils et elles sont victimes d’un harcèlement juridique, militaire et policier, d’arrestations, de tortures et d’assassinats systématiques en raison de leur profession.

Le Syndicat des journalistes palestiniens (PJS) a condamné l’attaque, la qualifiant d’attaque délibérée contre des journalistes dans l’exercice de leurs fonctions et affirmant maintenir ses efforts pour « poursuivre les responsables de ces crimes brutaux contre les journalistes » et « prendre toutes les mesures juridiques disponibles pour demander des comptes aux criminels de guerre qui ciblent délibérément la Voix de la Vérité. »

Des Palestinien-nes déplacé-es, à qui l’armée israélienne a ordonné d’évacuer le nord de Gaza, fuient lors d’un assaut militaire israélien, le 25 octobre 2024. (Photo : © Mahmoud Issa/Quds Net News via ZUMA Press Wire/APA Images)
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