Alors qu’Israël intensifie encore sa guerre génocidaire à Gaza et au Liban, les Palestinien·nes en Cisjordanie occupée continuent d’être persécutés par l’armée autant que par les colons israéliens. Bilan de la situation du 22 au 31 octobre 2024.
Par l’Agence Média Palestine, le 4 novembre 2024
CHIFFRES CLÉS en Cisjordanie depuis le 7 octobre 2023 :
736 Palestinien·nes assassiné·es par Israël
4630 Palestinien·nes déplacé·es, dont 1950 enfants
1800 bâtiments détruits ou confisqués par l’armée israélienne
11 000 arrestations
Selon le dernier rapport de l’OCHA, l’armée israélienne a tué 9 Palestinien·nes, dont un enfant, en Cisjordanie entre le 22 et le 31 octobre 2024, et plus de 35 ont été blessé·es, principalement lors de raids israéliens dans les campements de réfugié·es de Nablus, Tulkram et Nur Shams.
Depuis le début du mois d’octobre et de la saison de récolte des oliviers, les attaques de colons se sont multipliées, dont une majorité dans le nord de la Cisjordanie. Plus de 1000 arbres ont été brûlés, sciés ou vandalisés, des récoltes et des outils ont été volés. Des dizaines de Palestinien·nes ont été blessée·es, dans que leurs agresseur·ses ne soient inquieté·es. Si la récolte des oliviers palestiniens ont toujours été l’occasion de violentes agressions de la part des colons israéliens, l’OCHA constate une très nette augmentation de cette année.
Ces violences constituent une grave menace sur les communautés qui dépendent de ces récoltes, quand celle de l’an dernier avait déjà été très impactée. Comme en 2023, les terres palestiniennes privées situées dans les limites des colonies israéliennes et le long des routes principales empruntées par les colons sont totalement interdites aux agriculteurs palestiniens qui en sont propriétaires. L’accès aux bosquets situés à moins de 200 mètres des limites des colonies a été autorisé cette année, pourtant leur accès reste fréquemment perturbé par des attaques de colons et des obstacles à l’accès imposés par les forces israéliennes ou les colons.
Plus de 70 attaques de colons ont été rapportées durant la semaine écoulée, soit du 22 au 31 octobre, et plus de la moitié ont fait des victimes, causé des dégâts matériels ou les deux. Au total, 12 Palestinien·nes ont été blessé·es, 11 par des colons israélien·nes et un par les forces israéliennes. 120 vignes, 65 goyaviers et au moins 40 arbres ont été vandalisés, ainsi que des réservoirs d’eau et d’autres biens endommagés, et des outils agricoles volés.
Un nouveau rapport de l’ONU qualifie la campagne israélienne en Cisjordanie de risque de génocide
Dans un nouveau rapport, la rapporteuse des droits Francesca Albanese a alerté sur un risque d’expansion à la Cisjordanie du génocide israélien en cours à Gaza depuis plus d’un an.
« Du 7 octobre 2023 à la fin septembre 2024, les forces israéliennes ont effectué plus de 5 505 raids [en Cisjordanie]. Les colons violents, soutenus par les forces et les fonctionnaires israéliens, ont mené 1 084 attaques, tuant plus de 692 Palestiniens – 10 fois la moyenne annuelle de 69 morts des 14 années précédentes – et en blessant 5 199… Le modèle de ciblage des enfants est choquant. Depuis le 7 octobre, 169 enfants palestiniens ont été tués, près de 80 % d’entre eux ayant reçu une balle dans la tête ou le torse. Cela représente une augmentation de 250 % par rapport aux neuf mois précédents, soit au total plus de 20 % des enfants tués en Cisjordanie depuis 2000 ».
L’actualité de la Cisjordanie au cours de l’année écoulée aurait pu constituer à elle seule une histoire d’envergure, si Gaza ne l’avait pas éclipsée par ses scènes de destruction totale et de mort.
Le rapport, baptisé « L’effacement colonial par le génocide (Genocide as colonial erasure) », replace les massacres qui ont lieu depuis plus d’un an à Gaza et en Cisjordanie dans le contexte colonial en place depuis 76 ans et en souligne les intentions génocidaires :
» Obscurcie par les faux récits israéliens d’une guerre menée en “ légitime défense ”, la campagne génocidaire d’Israël doit être considérée dans un contexte plus large, comme de nombreuses actions (totalité de la campagne) ciblant conjointement les Palestiniens en tant que tels (totalité d’un peuple) sur l’ensemble du territoire où ils résident (totalité de la terre), dans le cadre des ambitions politiques d’Israël pour la souveraineté sur l’ensemble de l’ancienne Palestine mandataire. Aujourd’hui, le génocide des Palestiniens apparaît comme le moyen de parvenir à une fin : le retrait complet ou l’éradication des Palestiniens de la terre qui fait partie intégrante de leur identité et qui est illégalement et ouvertement convoitée par Israël ».
