Gaza, jour 415 : « Des corps arrivent à l’hôpital en lambeaux »

Israël poursuit sa guerre génocidaire à Gaza, en Cisjordanie et au Liban. Le siège du nord de Gaza entre dans son 50ème jour et continue de subir des bombardements quotidiens, quand l’UNWRA estime que moins de 6% des apports nécessaires à la survie a pu être apporté aux populations qui s’y trouvent bloquées.

Par l’Agence Média Palestine, le 25 novembre 2024

CHIFFRES CLÉS

à Gaza depuis le 7 octobre 2023 :
44 235 mort·es
104 638 blessé·es
1,9 million de déplacé·es

au Liban depuis le 7 octobre 2023 :
3 767 mort·es
15 669 blessé·es
1,2 million de déplacé·es

en Cisjordanie depuis le 7 octobre 2023 :
796 mort·es
dont 146 enfants
19 031 déplacé·es

Massacres à l’hôpital Kamal Adwan

Jeudi 21 novembre, la cour de justice internationale annonçait sa décision d’émettre des mandats d’arrêts à l’encontre du 1er ministre israélien Benjamin Netanyahu et de son ex-ministre de la défense Yoav Gallant, accusés de crimes contre l’humanité et crimes de guerre à Gaza.

Le même jour, la Défense civile palestinienne annonçait jeudi la mort de 22 personnes, tuées dans la nuit par une frappe israélienne à Gaza-ville (nord). Un autre raid nocturne israélien dans la zone de Beit Lahia et Jabalia, dans le nord assiégé de l’enclave, a assassiné plus de 66 Palestinien·nes et fait plus de 100 blessé·es.

« Des corps arrivent à l’hôpital en lambeaux », déclarait alors Hussam Abu Safiyeh, directeur de l’établissement Kamal Adwan, proche de la frappe qui visait un bâtiment résidentiel. De nombreux enfants figurent parmi les victimes.

Les secours tirent les victimes des décombres à mains nues en raison du manque d’équipement et de personnel de secours, a indiqué l’hôpital dans un communiqué, ajoutant qu’il n’était en mesure de fournir que les premiers soins en raison de l’absence de chirurgiens spécialisés, et que de nombreux·ses blessé·es mourraient faute de médicaments. Hussam Abu Safiyeh a déclaré que l’hôpital deviendrait une fosse commune s’il n’y avait pas d’intervention urgente des institutions internationales et si des fournitures médicales n’étaient pas acheminées.

Lors d’une nouvelle attaque israélienne visant l’hôpital quelques jours après, dans la nuit de samedi à dimanche, le Dr Hussam Abu Safiyeh a été grièvement blessé, et 11 gazaoui·es ont été tué·es. Après avoir perdu beaucoup de sang, le médecin est désormais dans un état « stable », a rapporté le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, qui a précisé que les bombes avaient été lâchées par un drone israélien sur plusieurs parties de l’hôpital situé à Beit Lahia, dans l’extrême nord du territoire. Les équipes de cet hôpital ont rapporté plusieurs frappes sur l’ établissement ces derniers jours, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) se disant « profondément préoccupée » par la situation de 80 patients, dont huit en soins intensifs, et du personnel.

L’hôpital Kamal Adwan est le dernier établissement de soin partiellement fonctionnel du nord de Gaza, et Hussam Abu Safiyeh en était l’un des derniers médecins en mesure de soigner les nombreux·ses blessé·es et malades qui y affluaient, la quasi-totalité du personnel ayant été arrêté par l’armée israélienne le 27 octobre.

Des attaques répétées sur les campements d’Al-Mawasi

Le campement de réfugié·es de la région d’Al-Mawasi, situé dans un perimètre désigné par l’armée israélienne comme « sûr », et vers lequel sont redirigé·es les civil·es qui tentent de fuir les bombardements, a subit six attaques aériennes depuis le 9 novembre. Six attaques aériennes, au cours desquelles des tentes et abris de fortune ont pris feu, et de nombreux civil·es ont été assassiné·es ou blessé·es.

 Louay al-Astal, secouriste, témoigne de l’une de ses missions de sauvetage : « Nous avons reçu un signal indiquant qu’une tente était bombardée dans le quartier d’Attar, à Khan Younis. Nous nous sommes rendu·es sur place et avons été surpris·es de constater que toutes les victimes étaient des enfants et des femmes. Les martyr·es étaient en morceaux. Nous ne pouvions pas distinguer les martyr·es les un·es des autres car le missile avait déchiré leurs corps. »

« La zone qui a été bombardée est considérée comme une zone sûre par les Israélien·nes, et elle a été bombardée plusieurs fois récemment, même si c’est l’armée qui l’identifie comme un endroit sûr pour les civil·es », poursuit-il. « Mais lorsqu’une tente faite de tissu et de nylon est bombardée par un missile, que s’attend-on à ce qu’il arrive aux habitant·es de la tente et aux tentes voisines ? Elles et ils seront tous·tes déchiqueté·es. »

L’aide humanitaire toujours bloquée

Alors que le siège du nord de Gaza entre dans son 50eme jour, l’aide humanitaire reste bloquée dans cette zone, et sérieusement entravée dans tout le reste de l’enclave palestinienne. L’UNWRA a déclaré dans un récent communiqué qu’il était désormais « impossible » pour les famille de trouver de la nourriture, ajoutant que l’aide qui est entrée dans le nord de Gaza depuis le début du siège représente moins de 6 % des besoins humanitaires de la population.

« Les populations sont contraintes de fuir une zone pour être tuées dans la suivante », a déclaré Louise Wateridge, porte-parole de l’UNRWA, dans une note à la presse.

Les organisations d’aide craignent une aggravation de la situation humanitaire déjà catastrophique, avec le temps froid et pluvieux, surtout pour ces milliers de déplacés internes vivant sous des tentes de fortune, non loin des côtes. « La situation ne fera qu’empirer avec chaque goutte de pluie, chaque bombe, chaque frappe », a insisté l’UNRWA sur le réseau social X.

Lancement de la campagne « AUCUN ENFANT N’EST UNE CIBLE »

Le réseau Palestine-Global Mental Health Network lançait la semaine dernière une campagne internationale « aucun enfant n’est une cible : protéger les enfants de Palestine et du Liban » pour exiger que les gouvernements du monde tiennent Israël pour redevable des principes de la Convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant.

Save the Children International, dans un rapport d’octobre 2024, avait déclaré : « [u]ne année de bombardements israéliens a brisé l’enfance à Gaza. Le territoire palestinien occupé, et plus particulièrement Gaza, est l’endroit le plus meurtrier au monde pour un enfant. » L’organisation estime que plus de 26 000 enfants ont été tué·es ou blessé·es en l’espace de six mois seulement, ce qui témoigne de l’ampleur choquante de la violence qui touche directement les enfants. À Gaza, plus de dix enfants par jour perdent un membre ( rapport SCI) ; les parents d’au moins 17 000 enfants ont été tué·es ou séparé·es de leurs enfants ( rapport UNICEF) ; les bébés meurent tout simplement de faim (UN News) ; et tous les nourissons de Gaza souffrent d’insuffisance pondérale.

La campagne, impulsée par le réseau Palestine-Global Mental Health Network et d’autres associations de solidarité, ont lancé une pétition et exhortent les individu·es et les organismes à se mobiliser pour pousser les gouvernements internationaux à agir.

Des personnes en deuil assistent aux funérailles de Palestiniens tués lors d’une frappe israélienne, à l’hôpital Al-Aqsa Martyrs à Deir Al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, jeudi 21 novembre 2024
APAImages/Shutterstock

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