Ce début d’année est marqué par de nombreuses frappes meurtrières de l’armée israélienne à Gaza, où les conditions météorologiques continuent d’empirer la situations des habitant·es déplacé·es, ajoutant le froid à la famine.
Par l’Agence Média Palestine, le 3 janvier 2025
CHIFFRES CLÉS
à Gaza depuis le 7 octobre 2023 :
45 581 mort·es
dont 17 000 enfants
11 000 personnes coincé·es sous les décombres
108 438 blessé·es
1,9 million de déplacé·es
Un tragique Nouvel An
« Le Nouvel An arrive à Gaza, non pas dans la joie ou l’espoir, mais dans le vacarme des avions de chasse, des drones et des explosions qui brisent les tympans », déclare Tareq Abu Azzoum, journaliste de la chaîne Al Jazeera, en provenance de Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza.
L’armée israélienne a assassiné au moins 26 Palestinien·nes le jour de l’an. Parmi les victimes figurent plusieurs enfants. Ces attaques meurtrières ont été signalées mercredi à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, dans le camp de réfugiés de Bureij et dans la ville de Gaza, dans le centre de la bande de Gaza, ainsi que dans la ville de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza.
À Jabalia, un parent de plusieurs des victimes raconte que les premiers secours sont toujours à la recherche de survivants. « La maison s’est transformée en un tas de débris », déclare Jibri Abu Warda. « C’était un massacre, des morceaux de corps d’enfants et de femmes ont été éparpillés partout. Ils dormaient lorsque la maison a été bombardée. Personne ne sait pourquoi ils ont visé la maison. Il s’agissait de civils. »
L’agence de défense civile a déclaré qu’il lui était difficile de répondre aux appels de détresse des familles en raison des intenses bombardements israéliens de ces derniers jours. « Les personnes assiégées dans les zones d’incursion souffrent d’un manque total de moyens de subsistance. La suspension de nos services a complètement affecté la vie des citoyens qui sont exposés aux bombardements israéliens », a déclaré un membre de la défense civile à Al Jazeera.
Nouveau massacre à Al Mawasi
Le 2 janvier, l’armée israélienne a commis un nouveau massacre dans la zone humanitaire d’Al Mawasi, pourtant définie par l’armée elle-même comme « zone sûre ». Au moins 15 personnes ont été assassiné·es dans cette attaque, dont le chef de la police de Gaza, Mahmud Salah, et son adjoint, Hussam Shahwan, ont indiqué des sources médicales.
Le ministère de l’intérieur de Gaza a condamné les meurtres, déclarant que les deux policiers avaient « accompli leur devoir humanitaire et national en servant notre peuple » et accusant Israël de répandre le « chaos » et d’aggraver les « souffrances humaines » à Gaza.
L’attaque a été menée sans avertissement, alors que cette zone est un campement pour les civil·es déplacé·es par les ordres israéliens eux-mêmes. Philippe Lazzarini, directeur de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), a dénoncé l’attentat. « En ce début d’année, nous avons été informés d’une nouvelle attaque à Al Mawasi qui a fait des dizaines de morts [et] de blessés. Un autre rappel qu’il n’y a pas de zone humanitaire et encore moins de ‘zone de sécurité’ [à Gaza] », a déclaré M. Lazzarini dans un message sur X. “Chaque jour sans cessez-le-feu apportera son lot de tragédies”.
Plus tard dans la journée de jeudi, des frappes aériennes israéliennes distinctes ont tué au moins quatre personnes dans la rue Jalaa, dans le centre de la ville de Gaza, et deux dans le quartier de Zeitoun, ont indiqué des médecins. Une autre frappe a tué au moins huit Palestinien·nes dans le centre de la bande de Gaza. Les victimes étaient des membres de comités locaux qui aident à sécuriser les convois d’aide, selon l’hôpital Al-Aqsa Martyrs, qui a reçu les corps.
Ce même jour, c’est au total 30 frappes israéliennes distinctes qui ont été signalées dans l’ensemble de l’enclave palestinienne. Le ministère de la santé de Gaza annonce qu’au moins 71 Palestinien·nes ont été assassiné·es dans cette seule journée, dont six au siège du ministère de l’Intérieur à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, trois dans le camp de Shati, à l’ouest de la ville de Gaza, et au moins sept dans le camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza.
Plus de 800 nourissons ont été tués avant d’atteindre leur premier anniversaire
Le 31 décembre, plusieurs médias palestiniens publiaient ce triste chiffre : plus de 800 nourissons gazaouis ont été tués par Israël avant d’atteindre leur premier anniversaire, depuis le 7 octobre 2023. Ces chiffres poignants soulignent l’impact catastrophique de la campagne militaire israélienne sur les personnes les plus vulnérables de la bande de Gaza, les enfants étant les plus touchés par la violence. Plus de 17 000 enfants ont été tués par Israël à Gaza.
Aux violents bombardements qui visent directement des zones densément peuplées de civil·es, s’ajoutent les déplacements et la famine, qui précarisent encore la situation des familles gazaouies et menace en particulier la santé des plus fragiles. Le froid et les pluies torrentielles risquent de faire de nombreuses victimes, et les enfants sont d’autant plus menacés car leur corps perd plus rapidement sa chaleur. Depuis le début de cet hiver à Gaza, huit bébés sont mort·es de froid, les conditions de dénuement tragique de la vie des déplacé·es dans les camps de fortune et l’absence d’électricité ne permettant pas de les réchauffer ou de les réanimer.
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) se dit « profondément alarmée » par l’impact des températures glaciales et des fortes pluies sur les Palestiniens déplacés à Gaza. À la mi-décembre, le Shelter Cluster – un groupe d’organisations humanitaires des Nations Unies, internationales et locales – estimait qu’« au moins 945 000 [Palestinien·nes] avaient encore besoin d’une aide urgente pour passer l’hiver, comme des vêtements thermiques, des couvertures et des bâches pour protéger les abris de la pluie et du froid ».