L’accord de cessez-le-feu est entré en vigueur le dimanche 19 janvier. Voici un aperçu du long chemin parcouru pour parvenir à un accord qui pourrait mettre fin à la guerre de Gaza.
Par la rédaction d’AL-Jazeera, le 19 janvier 2025

Un accord de cessez-le-feu entre Israël et le groupe palestinien Hamas est entré en vigueur à Gaza, permettant à plus de deux millions de Palestiniens de l’enclave de bénéficier d’un peu de répit après 15 mois d’une guerre dévastatrice.
La première phase de six semaines de l’accord de cessez-le-feu verra la libération d’une partie des prisonniers israéliens détenus à Gaza en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait progressif des Israéliens aux frontières de Gaza avec Israël et une augmentation considérable de l’accès à l’aide humanitaire.
Il est espéré que la première phase ouvrira la voie aux deuxième et troisième phases, qui conduiront à la libération de tous les captifs et à un cessez-le-feu permanent.
Le chemin menant à cet accord a été long et semé d’embûches. Voici un aperçu du chemin parcouru depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023.
La première trêve
Après plus de six semaines de combats qui ont détruit de vastes zones de Gaza et tué des milliers de personnes, Israël et le Hamas ont convenu d’une trêve de quatre jours le 21 novembre 2023.
Au cours des semaines écoulées après l’attaque du sud d’Israël par des combattants du Hamas, le 7 octobre 2023, qui a fait 1 200 morts, l’armée israélienne a bombardé sans relâche Gaza par des attaques aériennes et terrestres, tuant plus de 14 000 Palestiniens, en majorité des femmes et des enfants.
En outre, on estime que 1,7 million de Palestiniens ont été déplacés et contraints par l’armée israélienne de fuir vers les zones méridionales de la bande de Gaza.
Après des semaines de négociations acharnées menées par le Qatar et de multiples occasions où un accord a semblé se profiler à l’horizon avant de s’effondrer, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a convoqué une réunion de son cabinet, qui a ensuite voté l’approbation d’un accord de trêve.
Environ 250 prisonniers avaient été capturés par le Hamas et d’autres groupes palestiniens à la suite de l’attaque du 7 octobre. Dans le cadre de l’accord conclu en novembre, 110 d’entre eux ont été libérés.
Israël a libéré plus de 240 prisonniers palestiniens, tous des femmes et des enfants.
La trêve a été prolongée à sept jours, mais M. Netanyahu a clairement indiqué qu’Israël ne mettait pas fin à sa guerre contre Gaza et que l’arrêt des combats n’était que temporaire. Israël a repris la guerre contre Gaza le 1er décembre 2023.
La pression internationale
Alors que la guerre d’Israël contre Gaza s’intensifiait, des protestations éclataient dans le monde entier.
Les étudiants américains ont notamment organisé des manifestations et des sit-in sur les campus, suscitant l’attention du monde entier.
Alors que la guerre se poursuivait, quelques nations européennes ont officiellement reconnu l’ État de Palestine, notamment l’Irlande, l’Espagne et la Norvège.
L’Afrique du Sud a également déposé une plainte pour génocide contre Israël auprès de la Cour internationale de justice (CIJ), qui a ensuite été soutenue par au moins 14 pays, dont la Belgique, la Colombie, la Turquie, l’Égypte, le Chili et l’Espagne.
Poursuite des négociations
En mai 2024, alors que la guerre de Gaza entrait dans son huitième mois, les espoirs de parvenir à un cessez-le-feu se sont amplifiés au fur et à mesure que les pourparlers progressaient.
Au Caire, des fonctionnaires égyptiens et qataris travaillent avec les Américains pour trouver un accord. Le 6 mai, le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, déclarait que son groupe avait accepté une proposition. Les Palestiniens ont commencé à faire la fête dans les rues de Gaza.
Cet accord, qui devait se dérouler en trois étapes, prévoyait que le Hamas libérerait 33 prisonniers israéliens en échange de centaines de prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, et ce pendant 42 jours. Au cours de la deuxième phase, l’armée israélienne devait se retirer complètement de la bande de Gaza.
Israël a cependant déclaré avoir refusé les termes du cessez-le-feu. Peu après, Israël a lancé une invasion de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.
Fin mai, le président américain Joe Biden a déclaré qu’Israël avait accepté une « proposition de cessez-le-feu durable ». Mais Netanyahou a ensuite rejeté le plan et a poursuivi la guerre.
Guerre au Liban
Israël et le Hezbollah ont commencé à s’attaquer l’un l’autre le 8 octobre 2023, le groupe libanais ayant déclaré qu’il tirait sur Israël en solidarité avec Gaza. Le 23 septembre 2024, Israël a intensifié ses attaques contre le Liban, tuant plus de 550 personnes en une seule journée. Cette attaque a eu lieu quelques jours seulement après les fameux attentats contre les bipeurs et les talkies-walkies, et quelques jours avant l’assassinat du chef historique du Hezbollah, Hassan Nasrallah.
Quelques jours plus tard, le 1er octobre 2024, Israël a envahi le Sud-Liban.
L’analyste Hamzé Attar a déclaré à Al Jazeera que, selon lui, les objectifs d’Israël à Gaza avaient été atteints au début de l’année 2024, mais que la guerre avait été prolongée pour mener des attaques contre le Hezbollah au Liban.
Un cessez-le-feu a été annoncé le 27 novembre. Il prévoyait que le Hezbollah retire son infrastructure militaire au nord du fleuve Litani et que les forces armées libanaises se déploient au Sud-Liban. L’accord de cessez-le-feu stipule également que les troupes israéliennes devaient se retirer du Sud-Liban avant la fin de la période de cessez-le-feu de 60 jours.
Les troupes israéliennes sont toujours présentes dans les villes frontalières et détruisent des maisons et des villages avant de se retirer.
Mandats de la CIJ
En novembre 2024, la CIJ a émis des mandats d’arrêt à l’encontre de M. Netanyahou et de l’ancien ministre israélien de la défense, Yoav Gallant, pour avoir commis des crimes de guerre présumés à Gaza.
De nombreux États ont déclaré qu’ils respecteraient la décision de la Cour, bien que les États-Unis aient rejeté la décision et que certains fonctionnaires aient menacé la Cour.
Trump entre dans la danse
Le 2 décembre, le président élu des États-Unis, Donald Trump, a fait savoir sur les réseaux sociaux qu’il y aurait « l’enfer à payer » si les prisonniers de Gaza n’étaient pas libérés avant qu’il n’entre en fonction. Il a réitéré ses demandes plus tard en décembre et à nouveau début janvier.
Les négociations régionales, y compris les cessez-le-feu à Gaza et au Liban, auraient été coordonnées entre l’administration Biden et certains des nouveaux fonctionnaires de la nouvelle administration Trump.
Un accord est conclu
Le 15 janvier, les négociateurs seraient parvenus à un accord après 15 mois de guerre au cours desquels au moins des dizaines de milliers de Palestiniens ont été tués. Certaines estimations font état de plus de 100 000 morts.
Une réunion du cabinet israélien a approuvé l’accord samedi, malgré l’opposition des ministres d’extrême droite.
Le cessez-le-feu devait commencer à 8h30 heure locale (06h30GMT) le dimanche 19 janvier. Peu avant cette heure, M. Netanyahu a publié une déclaration indiquant que le cessez-le-feu ne commencerait pas tant que le Hamas n’aurait pas fourni les noms des trois premiers prisonniers israéliens à être libérés. Le Hamas a attribué le retard dans la remise des noms à des « raisons techniques de terrain ».
Après la publication des noms par le Hamas, le cessez-le-feu est entré en vigueur à 11h15 heure locale (09h15GMT).
À l’instar de l’accord proposé en mai, ce cessez-le-feu se déroulera en trois phases. La première phase durera 42 jours, pendant lesquels les forces israéliennes se retireront de Gaza.
L’armée israélienne devra également se retirer des zones peuplées de Gaza, pour permettre aux Palestiniens de retourner dans les quartiers de l’enclave, tandis qu’un accroissement de l’aide humanitaire sera autorisé. Les Nations unies et d’autres organismes et organisations ont accusé les Israéliens de bloquer l’aide à Gaza pendant la majeure partie de l’année dernière.
Tout au long des diverses négociations, les responsables américains ont souvent rejeté la faute sur le Hamas, qui n’a pas accepté les termes d’un accord de cessez-le-feu. Pourtant, dans la période précédant l’accord, le ministre israélien de la sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a revendiqué avoir bloqué à plusieurs reprises les accords de cessez-le-feu au cours des 15 derniers mois.
Traduction : JB pour l’Agence Média Palestine
Source : Al-Jazeera