Des ouvriers palestiniens ont été brutalement maltraités pendant leur détention en Israël après le 7 octobre, dénonce un syndicat de travailleurs.
Par Mera Aladam, le 7 février 2025

Les travailleurspalestiniens détenus lors de l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023 ont été maltraités par les gardiens de prison israéliens , certains d’entre eux ayant été torturés à mort ou ayant disparu, selon des témoignages recueillis par un syndicat palestinien.
Wehbe Badarneh, conseiller juridique de l’Union des travailleurs arabes, a déclaré au média Arab48 que le syndicat avait demandé une enquête aux centres de sécurité et militaires israéliens sur le sort de 46 travailleurs palestiniens de Gaza après leur disparition le 8 octobre 2023.
L’administration pénitentiaire israélienne a donné au syndicat palestinien une réponse vague confirmant la mort de 34 travailleurs, décédés en centre de détention dans des « circonstances mystérieuses ou à la suite d’une crise cardiaque ».
M. Badarneh explique que jusqu’au 7 octobre 2023, 18 000 Palestiniens de Gaza se trouvaient en Israël avec un permis de travail.
Cependant, après l’attaque, les autorités israéliennes ont retiré les permis de travail aux Palestiniens de la Cisjordanie occupée et de Gaza.
M. Badarneh explique que s’il a été plus simple pour ceux qui venaient de Cisjordanie de rentrer, la situation était beaucoup plus difficile pour les travailleurs de l’enclave assiégée.
« Le chaos régnait dans la zone frontalière entre Israël et Gaza, appelée ‘enveloppe de Gaza’, et la confusion était totale. Personne ne savait qui étaient les travailleurs et qui étaient les infiltrés après la percée et l’effondrement des murs », a déclaré M. Badarneh à Arab48.
« En raison de ce chaos, les travailleurs de Gaza ont été dispersés, certains d’entre eux ont craint de retourner à Gaza, d’autres ont trouvé refuge en Cisjordanie, et certains d’entre eux ont été détenus, arrêtés et brutalement et horriblement maltraités aux points de contrôle militaires en représailles aux événements qui se sont déroulés dans l’enveloppe de Gaza. »
Selon Badarneh, des centaines de travailleurs de Gaza ont été transférés dans des prisons gérées par Israël, notamment les tristement célèbres centres de détention de Sde Teiman et d’Ofer, qui ont été dénoncés pour les conditions et les abus subis par les Palestiniens enlevés à Gaza.
Au début, l’Union des travailleurs arabes a reçu de nombreuses plaintes et demandes de la part de Palestiniens qui avaient perdu le contact avec leurs proches, raconte M. Badarneh.
» Lorsque le nombre de ces plaintes a atteint des centaines, nous avons compris que le problème était sérieux et qu’il ne s’agissait plus de quelques individus « , ajoute-t-il.
Le syndicat a contacté plusieurs services et autorités israéliens, mais ses demandes d’information ont été accueillies avec indifférence et mépris. Cela n’a pas empêché le groupe de persévérer dans ses efforts.
» Nous n’avons pas laissé une seule entrée inexplorée « , déclare M. Badarneh. » Oui, nous sommes allés à la Cour suprême, et le journal israélien Haaretz a alors publié un reportage sur le sujet « .
Le journaliste qui a travaillé sur le dossier a ensuite été informé par un porte-parole de l’armée israélienne que les corps de certains travailleurs tués aux postes de contrôle avaient été transférés à Gaza pour y être enterrés via le poste de contrôle d’Erez.
‘D’horribles formes de torture’
Certains des travailleurs de Gaza qui se sont réfugiés en Cisjordanie et ont été hébergés dans un collège militaire palestinien à Jéricho ont donné des informations sur les personnes qui avaient été enlevées.
D’après leurs témoignages et les vidéos qui circulaient à l’époque, les travailleurs palestiniens détenus ont été brutalement battus, déshabillés et soumis à diverses méthodes de torture.
En conséquence, le syndicat est arrivé à la conclusion que les travailleurs palestiniens avaient été torturés à mort lors de leur détention par Israël.
Par la suite, il a soumis un rapport aux organisations syndicales européennes, dont les membres ont proposé de se joindre aux plaintes déposées contre Israël auprès de la Cour internationale de justice (CIJ).
» Les travailleurs de Gaza ont également été convoqués à Genève pour témoigner devant l’Organisation internationale du travail, malgré toutes les difficultés et les restrictions « , ajoute M. Badarneh, en référence aux obstacles à la libre circulation imposés par Israël.
Un certain nombre d’enquêtes et de rapports antérieurs, y compris les témoignages recueillis par Middle East Eye, semblent corroborer les déclarations de M. Badarneh.
« Nous avons été torturés, personne n’a eu pitié de nous. Ils ont pris notre argent et nos vêtements, ils nous ont laissés nus pendant trois jours pendant qu’ils nous torturaient. Nous avions faim, ils nous ont donné des coups de pied et des coups de poing, ils ont marché sur nos têtes, et je souffre encore aujourd’hui », déclarait un travailleur à MEE en novembre 2023.
Le même mois, l’Euro-Med Human Rights Monitor a révélé que des milliers de travailleurs de Gaza avaient été soumis à « d‘horribles formes de torture » par les forces israéliennes au cours de leur captivité de quatre semaines.
» Les témoignages indiquent que les travailleurs ont subi des abus d’une ampleur sans précédent, notamment en étant privés de nourriture et d’eau pendant plusieurs jours, torturés, électrocutés et brûlés, ainsi que harcelés sexuellement et humiliés délibérément en urinant sur leur corps « , a rapporté Euro-Med.
L’organisation a ajouté que de nombreux travailleurs palestiniens avaient également été maltraités par leurs employeurs, qui leur ont refusé le paiement des salaires, leur ont craché dessus et les ont soumis à des humiliations et à des insultes.
Traduction : JB pour l’Agence Média Palestine
Source : Middle East Eye