Point sur la situation à Gaza, alors que la brutalité des frappes israéliennes continue de s’intensifier. Suspendue aux négociation d’un hypothétique cessez-le-feu temporaire, Gaza est confrontée à des pénuries toujours plus sévères en carburant, en eau et même en sang, la famine freinant les campagnes de dons de sang.
Par l’Agence Média Palestine, le 11 juillet 2025

Israël poursuit ses frappes et assauts meurtriers dans la bande de Gaza, alors que des négociations de cessez-le-feu tardent à aboutir à un accord. Selon le ministère de la Santé de Gaza, 668 Palestinien-nes ont été tué-es et 2 817 blessé-es entre le 2 et le 9 juillet.
Ces meurtres sont perpétrés quotidiennement dans des espaces largement fréquentés par les civil-es, alors que 81 % de l’enclave palestinienne est désormais sous le coup d’ordres d’évacuation, et 86 % sous contrôle militaire israélien. N’ayant aucun endroit sûr où aller, de nombreuses personnes ont trouvé refuge dans des sites de déplacement surpeuplés, des abris de fortune, des bâtiments endommagés, dans les rues et dans des espaces ouverts. Les populations sont confinées dans des espaces de plus en plus restreints.
Au moins sept écoles abritant des réfugié-es ont été bombardées au cours de la semaine écoulée, rapporte l’OCHA, qui recense également des frappes aériennes visant des tentes, des centres médicaux, des immeubles résidentiels et des lieux de distribution d’eau. Des massacres quotidiens ont également lieu à proximité des centres de distribution alimentaire, où l’armée israélienne ouvre le feu sur les foules de civil-es venu-es chercher de l’aide.
Hier encore, 15 Palestinien-nes, dont neuf enfants et quatre femmes, ont été assassinées lors d’une attaque aérienne israélienne alors qu’ils et elles faisaient la queue pour recevoir des rations alimentaires pour enfants à Deir el-Balah, dans le centre de Gaza. Plus de 100 Palestinien-nes ont été assassiné-es dans cette même journée au cours d’attaques diverses dans tout la bande de Gaza.
Parallèlement à cette intensification des frappes, les négociations entamées dimanche dernier se poursuivent entre Israël et le Hamas afin de parvenir à un accord de cessez-le-feu temporaire. Le premier ministre israélien a annoncé ce matin qu’il pourrait être conclu « dans les prochains jours ».
Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a pour sa part annoncé en début de semaine un plan visant à transférer de force des Palestinien-nes vers une ville de tentes à Rafah, dans le sud de Gaza, une déclaration qui pourrait compromettre les négociations. Tamara Alrifai, directrice principale de la communication à l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), a déclaré à Al Jazeera que ce plan « créerait de facto d’énormes camps de concentration à la frontière avec l’Égypte pour les Palestiniens. Nous ne pouvons pas rester silencieux et complices d’un déplacement forcé à si grande échelle ».
Pénuries d’eau, d’électricité, de sang
Les infrastructures sanitaires et de soin, elles-même cibles et victimes de bombardement systémiques depuis le début de la campagne génocidaire israélienne à Gaza, alertent une fois de plus sur l’imminence de leur effondrement total.
Le comité international de la croix-rouge (CICR) a signalé que, depuis des semaines, des balles perdues perturbent le fonctionnement normal de son hôpital de campagne, où le personnel médical, les soignant-es, et les patient-es se précipitent régulièrement vers des zones jugées plus sûres à l’intérieur de l’hôpital dès qu’une alarme retentit, afin d’éviter d’être touchés. Selon le CICR, lorsque des coups de feu sont tirés, « les femmes de la maternité sont contraintes de se mettre à terre car elles ne peuvent pas être déplacées pendant l’accouchement » et les chirurgiens et le personnel continuent de travailler au milieu des tirs, sachant qu’une balle « pourrait transpercer la toile de la salle d’opération à tout moment ».
Les hôpitaux sont débordés par une vague croissante de victimes, dans un contexte d’insécurité persistante et de pénurie critique de ressources, ce qui met gravement en danger les patients et le personnel médical.
Lors d’une conférence de presse organisée par le ministère de la Santé le 9 juillet, le Dr Mohammed Abu Selmiyah, directeur du complexe médical Al-Shifa dans la ville de Gaza, a averti que l’aggravation de la crise du carburant poussait les secteurs sanitaire et humanitaire vers un effondrement total, alors qu’aucune livraison de carburant n’a été permise à Gaza depuis 130 jours. Il a souligné que la crise affectait gravement le fonctionnement des hôpitaux, des usines de dessalement et des systèmes d’approvisionnement en eau.
Une équipe des Nations Unies a acheminé mercredi environ 75 000 litres de carburant à Gaza, la première livraison de ce type depuis 130 jours, largement insuffisante : « la quantité acheminée hier ne suffit même pas à couvrir les besoins énergétiques d’une seule journée. Le carburant continue de s’épuiser et les services seront interrompus si des volumes beaucoup plus importants ne sont pas acheminés immédiatement », commente le porte-parole de l’ONU Stéphane Dujarric.
Le blocus continu sur l’entrée de carburant à Gaza et les restrictions d’accès entravent gravement les services d’eau, d’assainissement et d’hygiène (WASH), avec des conséquences désastreuses pour la santé publique, rapporte l’OCHA. Tout au long des mois de mai et juin, les partenaires du cluster WASH n’ont reçu que 25 % du carburant nécessaire pour mener à bien leurs opérations d’urgence. Par ailleurs, au 4 juillet, 80 % des biens et installations WASH se trouvaient dans la zone militarisée par Israël ou dans des zones soumises à des ordres d’évacuation depuis le 18 mars. En conséquence, de nombreux puits ont cessé de fonctionner et les usines de dessalement tournent à capacité minimale, ce qui a considérablement réduit le volume d’eau disponible pour la distribution. Les partenaires du cluster WASH estiment que la plupart des personnes reçoivent moins que la norme d’urgence de 15 litres par personne et par jour, ce qui équivaut à une crise de sécheresse d’origine humaine.
Marwan al-Hams, directeur des hôpitaux de campagne à Gaza, a déclaré à Al Jazeera que « des centaines » de personnes pourraient mourir dans le territoire si les livraisons de carburant n’étaient pas effectuées de toute urgence. Cela inclut « des dizaines » de bébés prématurés qui pourraient mourir dans les deux prochains jours, a-t-il déclaré. Les patient-es sous dialyse et en soins intensifs perdraient également la vie, a-t-il ajouté, précisant que l’état des blessés s’aggravait dans des conditions qui se détérioraient, tandis que des maladies telles que la méningite se propageaient.
Le porte-parole de l’UNICEF, James Elder, qui est récemment revenu de Gaza, a déclaré : « Vous pouvez avoir le meilleur personnel hospitalier de la planète », mais si on lui refuse des médicaments et du carburant, il devient « impossible » de faire fonctionner un établissement de santé.
Outre cette situation dramatique, les hôpitaux sont confrontés à une pénurie croissante de sang, la demande augmentant fortement en raison du nombre croissant de blessés graves. Malgré l’urgence, les quantités de sang fournies restent bien inférieures aux besoins mensuels. Selon le ministère de la Santé, au cours du seul mois dernier, 10 000 unités de sang et leurs composants ont été distribués, alors que seulement 3 500 unités ont été collectées. Le ministère a ajouté que les efforts visant à encourager les dons de sang au sein de la communauté sont devenus inefficaces, car la malnutrition et l’anémie généralisées ont rendu de nombreuses personnes physiquement incapables de donner leur sang, ce qui souligne l’aggravation de la crise sanitaire.



