Point sur la situation à Gaza en ce début de semaine. Au cours des seules dernières 24h, Israël a assassiné au moins 27 Palestinien·nes, et blessé 149 autres, déclare ce matin le ministère de la santé de Gaza.
Par l’Agence Média Palestine, le 30 décembre 2024
CHIFFRES CLÉS
à Gaza depuis le 7 octobre 2023 :
45 541 mort·es
dont 17 000 enfants
11 000 personnes coincé·es sous les décombres
108 338 blessé·es
1,9 million de déplacé·es
Israël bombarde deux hôpitaux
L’armée israélienne poursuit ses bombardements intensifs sur l’ensemble de l’enclave palestinienne, sans distinction pour les civils. Le 29 décembre 2024, une attaque israélienne contre l’étage supérieur de l’hôpital al-Wafaa, dans la ville de Gaza, a tué au moins sept personnes et en a blessé d’autres, dont certaines grièvement.
« Israël doit cesser de s’en prendre aux établissements médicaux palestiniens », a déclaré le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), quelques jours après que les forces israéliennes ont fait irruption dans l’un des derniers hôpitaux en état de fonctionnement dans le nord de la bande de Gaza.
« Les hôpitaux de Gaza sont redevenus des champs de bataille et le système de santé est gravement menacé », a déclaré le Dr Tedros, chef de l’OMS, sur sont compte twitter. « Nous le répétons : arrêtez les attaques contre les hôpitaux. Les habitants de Gaza doivent avoir accès aux soins de santé. Les humanitaires doivent avoir accès à l’aide sanitaire. Cessez le feu ! »
Dans une déclaration sur le secteur de la santé à Gaza, le Dr Tedros a déclaré que l’hôpital Al-Ahli et l’hôpital de rééducation Al-Wafa dans la ville de Gaza ont été attaqués lundi, tandis que quatre patients ont été détenus alors qu’ils étaient transférés de l’hôpital Indonesia à l’hôpital Al-Shifa. Par ailleurs, sept patient·es et 15 soignant·es et travailleur·euses de la santé demeurent à l’hôpital indonésien, qui est pourtant gravement endommagé et n’est plus en mesure de fournir des soins.
Appel à la communauté internationale : où est le docteur Hussam Abu Safiya ?
Au nord de Gaza, dans le dernier hôpital en activité de la région, le Dr Hussam Abu Safiya déclarait dans une vidéo, quelques heures avant d’être arrêté par l’armée israélienne : « Depuis 75 jours, nous demandons au monde entier d’assurer la protection internationale du système de santé. Il s’agit de lois établies par les conventions de Genève, qui stipulent la protection du système de santé. Où sont ces lois ? Quel péché avons-nous commis dans cet hôpital pour être bombardés et tués de cette manière ? »
Son établissement, l’hôpital Kamal Adwan, est devenu l’une des principales cibles des opérations militaires israéliennes. L’hôpital avait déjà été la cible d’une vaste et meurtrière opération militaire en novembre 2023.
Le 27 décembre, les forces israéliennes ont pris d’assaut l’hôpital, incendiant de vastes sections et ordonnant à des centaines de personnes de quitter les lieux. Au cours de ce raid de 2 jours, qui a entrainé la destruction de ce qu’il restait de l’établissement, plus de 240 personnes ont été arrêtées, dont le directeur de l’hôpital, le Dr Hussam Abu Safiya.
De nombreuses voix se sont levées pour dénoncer ces attaques et pour appeler à la libération d’Hussam Abu Safiyeh, dont on ignore l’état de santé ni la localisation exacte. Zaher Sahloul, président de MedGlobal, a déclaré dans un communiqué que l’arrestation d’Abu Safiya était « injuste et constituait une violation du droit humanitaire international ».
Dans un post sur le réseau social X, la rapporteuse spécial à l’ONU Francesa Albanese à appelé à une action internationale pour exiger sa libération, avec le hashtag #FreeDrHussamAbuSafiya : « Pour chaque vie palestinienne qui aurait dû et pu être sauvée à Gaza, nous avons été mis à l’épreuve. Et nous avons échoué, encore et encore. Nous ne devons pas échouer à nouveau. Nous devons tous faire tout ce qui est en notre pouvoir pour sauver le Dr Abu Safiya. »
Des témoins récemment libérés ont informé CNN que le Dr Abu Safiya est retenu au centre de détention de Sde Teiman. Ce centre militaire israélien, dénoncé par de nombreuses organisations de défense des droits humains, pratique des actes de torture et de viols sur les Palestiniens qui y sont enfermés. De nombreux détenus y ont trouvé la mort dans des conditions violentes, dont le docteur Adnan Al-Brush.
7 enfants sont mort·es de froid à Gaza
Dimanche 29 décembre, Jumaa al-Batran, agé 20 jours, est décédé d’hypothermie à l’hôpital des Martyrs d’Al-Aqsa. Son frère jumeau, Ali, est également mort de froid le lendemain. Les deux bébés, prématurés, avaient dû quitter trop tôt la maternité de Deir Al-Balah, saturée et régulièrement cible de tirs israéliens. Les médecins avaient recommandé à leurs parents de les maintenir au chaud, mais cela s’est avéré impossible dans le quotidien de cette famille déplacée à Gaza.
« Il n’y a pas d’électricité. L’eau est froide, il n’y a ni gaz, ni chauffage, ni nourriture. … Mes enfants meurent sous mes yeux et personne ne s’en préoccupe. », déclare Yahya Al-Batran, le père des jumeaux. Hind Khoudary, journaliste pour la chaîne Al Jazeera, a déclaré que la zone où la famille al-Batran s’est réfugiée est « très proche de la mer et très venteuse ».
« Il n’y a pas de bâches ni de tentes, et le père de Jumaa n’a pas pu donner à ses enfants les produits de première nécessité », a-t-elle ajouté. « Les bébés et les enfants palestinien·nes meurent non seulement des attaques aériennes et des tirs d’artillerie, mais aussi de malnutrition et d’hypothermie. » Les forces israéliennes ont déplacé la quasi-totalité des 2,3 millions d’habitants de Gaza, obligeant des dizaines de milliers d’entre eux à se blottir dans des tentes inadaptées le long de la côte pluvieuse et balayée par les vents du sud de la bande de Gaza.
Le bilan des décès dus au « froid glacial et aux vagues de gel » parmi les Palestinien·nes déplacé·es sous des tentes s’élève à 7 mort·es, un chiffre qui risque encore d’augmenter, explique le bureau médias de Gaza, en ce matin du 30 décembre 2024.
« Nous avons averti plus d’une fois du danger […] de l’hiver et des vagues de gel coïncidant avec la réalité tragique vécue par notre peuple palestinien qui est victime de meurtres, de génocide et de destructions de maisons et de secteurs vitaux, et qui est soumis au déplacement et à l’expulsion », peut-on lire dans le communiqué.« De fortes pluies devraient se poursuivre, ainsi que des vagues de gel et un froid hivernal dans les jours à venir, ce qui représente un grand danger […] une menace réelle pour la vie des personnes déplacées qui souffrent tragiquement des crimes de l’occupation « israélienne » », ajoute le communiqué. Les autorités de Gaza ont déclaré que les « tentes délabrées » ne protégeaient pas les personnes du froid.
« Nous tenons l’occupation israélienne entièrement responsable de la détérioration de la situation humanitaire dans la bande de Gaza, ainsi que l’administration américaine et les pays qui ont soutenu et participé au génocide, tels que la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la France, et nous exigeons qu’ils mettent fin au génocide », ajoute la déclaration.