Point sur la situation à Gaza aujourd’hui, alors que le Hamas a annoncé étudier la proposition d’un cessez-le-feu temporaire de 60 jours. L’armée israélienne a encore intensifié ses attaques, et de plus en plus de preuves démontrent qu’elle tire ouvertement sur des civils non-armés aux abords des centres humanitaires.
Par l’Agence Média Palestine, le 4 juillet 2025

Hier, jeudi 3 juillet 2025, le bureau des médias de Gaza dénonçait plus de « 26 massacres sanglants » dans les 48h, au cours desquels l’armée israélienne a assassiné plus de 300 Palestinien-nes.
Ces massacres ont visé des civil-es dans les abris et centres de réfugié-es surpeuplés où se trouvaient des dizaines de milliers de personnes déplacées, des aires de repos publiques, des maisons familiales, des marchés populaires et des installations civiles vitales, ainsi que des civil-es affamés à la recherche de nourriture.
« Nous avons été réveillés par de violentes frappes aériennes [israéliennes]. On aurait dit un tremblement de terre. », raconte Ahmed Mansour, un Palestinien déplacé qui a survécu au bombardement de l’école où il s’était réfugié. Plus de 16 personnes ont été assassinées lors de cette attaque, et des dizaines d’autres ont été blessées, rapportent des sources médicales.
« Les gens disent qu’il s’agissait d’une attaque de drones, mais le bruit était terrifiant, les bombardements étaient incessants. Les missiles étaient si destructeurs qu’ils ont tout incendié. Les victimes ont brûlé pendant des heures sans que personne ne vienne leur porter secours. Il n’y a personne ici pour nous sauver. »
Plusieurs experts ont identifié les fragments de munitions ainsi que l’énorme cratère causé par le bombardement d’un café gazaoui lundi, et attestent qu’il s’agissait d’une bombe MK-82 de 230 kg à usage général fabriquée aux États-Unis. L’utilisation de telles munitions contre des civil-es constitue un crime de guerre.
Plus de 40 Palestinien-nes ont été assassiné-es dans cette attaque israélienne, qui a ciblé un café dans lequel étaient réunis des enfants célébrant un anniversaire et de nombreux autres civil-es dont l’artiste Frans al-Salmi et le journaliste Ismail Abu Hatab. La journaliste Bayan Abu Sultan, qui était également sur place, a été blessée et son frère assassiné. Son visage ensanglanté a fait le tour des réseaux sociaux, alors qu’elle déclare qu’elle continuera à informer le monde, quoi qu’il en coûte.
Gaza à court de tombes
Le ministère des affaires religieuses de Gaza a alerté sur la pénurie de plus en plus critique d’espace pour les enterrements, due à l’accélération toujours plus tragique des décès autant qu’au blocus imposé par l’occupation sur l’entrée de nourriture, de médicaments, de linceuls, de matériaux de construction et d’autres produits essentiels nécessaires à la préparation des tombes. Il y a également une pénurie dramatique de matériel funéraire, en particulier de linceuls utilisés dans les rites funéraires islamiques.
Depuis le début de sa campagne génocidaire il y a 20 mois, l’armée israélienne a détruit totalement ou partiellement plus de 40 cimetières dans la bande de Gaza assiégée, contribuant ainsi à réduire encore davantage l’espace disponible pour les sépultures et à épuiser les cimetières existants.
Les ordres d’expulsion forcée ont également réduit les terrains disponibles pour de nouveaux cimetières, ce qui a conduit à l’entreposage temporaire des corps en attente d’une inhumation d’urgence dans des hôpitaux, des cours d’école et même des maisons.
Les hôpitaux, qui subissent des attaques répétées et sont également affaiblis par les pénuries de carburant, de médicaments et de fournitures essentielles imposées par Israël, indiquent être débordés par l’afflux de patient-es sans cesse grandissant.
« Cela fait déjà plusieurs semaines qu’ils voient chaque jour des blessés… dont la majorité proviennent des sites de distribution alimentaire non gérés par l’ONU, pourtant considérés comme sûrs. L’hôpital fonctionne désormais comme un immense service de traumatologie », a déclaré Rik Peeperkorn, représentant de l’OMS dans les territoires palestiniens.
De nouveau témoignages dénoncent la GHF
Plus de 600 Palestinien-nes ont été tué-es par l’armée israéliennes dans les sites d’aide humanitaire controversés de la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), soutenue par Israël et les États-Unis, depuis leur mise en place fin mai, et le bilan s’alourdit encore chaque jour.
« Nous sommes obligés d’y aller par désespoir, pour trouver de la nourriture ; nous y allons parce que nous avons faim. Nous n’avons plus de farine ni rien d’autre. Mais au lieu de revenir avec un sac de farine, ce sont eux qui sont ramenés dans des sacs mortuaires », explique Islam Alzanin, une Palestinienne dont le fils a été assassiné par l’armée israélienne alors qu’il cherchait de la nourriture pour sa famille. « Mon fils était le soutien de ma famille, je dépendais entièrement de lui. Il a été tué et je me retrouve sans rien . Je l’ai perdu et avec lui, j’ai perdu tout ce que j’avais. Il était le pilier et le fondement de notre vie. Après lui, il n’y a plus de vie, plus rien. »
Après les témoignages parus la semaine dernière dans Haaretz, qui attestaient que l’armée donnait ordre à ses soldat-es de tirer sur les foules de civil-es non-armé-es aux abords des centres de distribution de la GHF, de nouvelles révélations sont parues hier dans le média Associated Press, qui incriminent également le personnel de sécurité privé encadrant les distributions. S’exprimant sous couvert d’anonymat, deux sous-traitants d’UG Solutions, une entreprise américaine chargée de recruter du personnel de sécurité pour les sites de distribution, ont déclaré que des balles, des grenades assourdissantes et du gaz poivré avaient été utilisés lors de presque toutes les distributions, même en l’absence de menace.
Ils ont déclaré que le personnel de sécurité engagé était souvent non qualifié, non contrôlé, lourdement armé et semblait avoir carte blanche pour faire ce qu’il voulait. Plusieurs vidéos, vérifiées par l’AP, corroborent ces déclarations.
Le Dr Mads Gilbert, médecin urgentiste norvégien et professeur qui dispense des soins de santé à Gaza depuis plus de 30 ans, a déclaré à Al Jazeera que l’opération du GHF « s’inscrit dans le plan des forces militaires israéliennes et du gouvernement israélien visant à procéder à un nettoyage ethnique et à atteindre leur objectif de génocide à Gaza Cela n’a rien à voir avec le soulagement de la famine à Gaza », a déclaré M. Gilbert.
Qualifiant l’aide du GHF de « goutte d’eau dans l’océan » et d’« opération factice », Gilbert a ajouté : « L’organisation de la distribution vise à utiliser la nourriture comme appât pour attirer les personnes affamées, les terroriser et les tuer. Tirer sur des personnes qui font la queue pour recevoir de la nourriture est un crime de guerre. »



